26.04.12 - TSSL/TAYLOR - FREETOWN SALUE LA CONDAMNATION, REACTIONS CONTRASTEES A MONROVIA

Freetown, 27 avril 2012 (FH) – Pendant quelques jours, la Sierra Leone s’est de nouveau intéressée à l’affaire Taylor, les radios et journaux annonçant l’imminence du verdict.

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Le 26 avril, l’ancien président du Libéria a été reconnu coupable de crimes contre l’humanité et crimes de guerre commis en Sierra Léone entre 1996 et 2002. Charles Taylor a bien armé, soutenu, financé les rebelles sierra-léonais du Front révolutionnaire uni (RUF), ont affirmé les juges du Tribunal spécial pour la Sierra Leone (TSSL). Mais il n’en était pas le chef, estiment-ils, rejetant en partie de la thèse du procureur. Pour les magistrats, leur chef était Foday Sankoh, décédé dans la prison du tribunal spécial à Freetown, en 2003, avant d’avoir été jugé.

« Depuis le début du procès, on en parlait plus vraiment, affirme, Alfred, un ex-négociant en bois. On ne savait même pas s’il était mort ou jugé.» Pour des raisons de sécurtié, l'ensemble du procès s'est déroulé à La Haye, loin des préoccupations quotidiennes des sierra-leonais.

Les chefs traditionnels de la Sierra Leone, quelques ministres du gouvernement, des ambassadeurs, des victimes, avaient néanmoins été invités à suivre la retransmission en direct du jugement dans les salles d’audience du tribunal spécial, proche du centre de Freetown. Pour l'un des participants, le chef Haladji Masakame, « c’est le jour le plus triste et le plus heureux pour la Sierra Léone ». Le plus triste, parce qu’il rappelle les 150 000 morts de la guerre civile (1991-2002). Le plus heureux parce que le pays peut ouvrir un nouveau chapitre de son histoire. "Il y a une justice. Quoique que vous fassiez, vous devez en prendre la responsabilité», conclut-il.

Même écho du côté des ONG. Etudiant en sociologie et membre d’Accountability Now Club, Osman Sankoh affirme que « ce jugement va envoyer un message fort à ceux qui veulent commettre des crimes ». Plus concrètement, le verdict pourrait engendrer « la confiance des investisseurs », car ce que « les Sierra-léonais attendent le plus, c’est la paix », affirme-t-il, « et avec la paix, les investisseurs seront confiants et cela apportera le développement et l’emploi. »

"Nous qui avons étudié, nous savons qu’il faut rendre la justice », ajoute Osman Sankoh. Mais il rappelle cependant que le tribunal est jugé trop couteux par une majorité de la population sierra-léonaise, condamnée à se battrepour survivre dans ce pays qui compte parmi les plus pauvres du monde.

A New York, le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon a jugé la condamnation « historique », y voyant un « un signal fort adressé à tous les dirigeants ».

Les réactions étaient nettement plus contrastées à Monrovia, ou de jeunes supporters de l'ancien président libérien ont manifesté pour protester contre un procès qualifié de politique. "Maintenant que les Américains et les Anglais ont obtenu ce qu'ils voulaient, nous ne pouvons qu'appeler notre population a rester calme", a déclaré un sénateur proche de la famille de Charles Taylor, en direct sur une radio locale. Pour éviter d'éventuels ennuis, les Libériens satisfaits par la condamnation de leur ancien président ont de leur côté affiché un profil plutôt bas.

A La Haye, l’avocat de Charles Taylor, Courtenay Griffiths, n’a pas encore décidé s’il ferait appel mais a estimé que « ces condamnations ont été obtenues grâce à des preuves suspectes et corrompues, en fait, achetées par l’accusation ». La procureure, Brenda Hollis, pourrait aussi faire appel sur certains aspects du jugement. Au cours d’une conférence de presse, la procureure américaine a salué le « courage et l’implication des témoins qui sont venus témoigner pour le procureur et la défense ». Brenda Hollis a ajouté que « le procès n’aurait pu se dérouler - et évidemment, cette Cour n’aurait pas existé - sans l’implication et la résilience » des Sierra-léonais.

La sentence sera prononcée à La Haye le 30 mai.

SM/ER/GF