L’accusé s’exprimait au terme des conclusions finales prononcées depuis le 15 mai, dans le cadre de son procès, par le procureur, les représentants des victimes, et les avocats de la défense. « Je n’étais pas à Bogoro, je n’ai pas planifié cette attaque », a déclaré Germain Katanga.
Il est poursuivi, de même que Mathieu Ngudjolo, avec qui il est conjointement jugé, pour crimes contre l’humanité et crimes de guerre commis lors de l’attaque de Bogoro, en Ituri, dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC). Des accusations qui, affirme Germain Katanga, lui « font d’ailleurs très mal ».
Aujourd’hui âgé de 36 ans, Germain Katanga affirme ne pas connaître « un jeune de mon âge qui puisse demeurer sans âme, c’est-à-dire insensible devant toutes ces accusations du procureur » auquel il reproche de ne pas l’avoir interrogé alors qu’il était incarcéré à la prison de Makala, à Kinshasa, avant son transfèrement à La Haye, en octobre 2007.
L'accusé a eu « une pensée pour toutes les victimes des conflits en Ituri en général et à Bogoro en particulier. Pour tous ceux qui ont perdu les leurs, leurs biens, leurs richesses. Pour tous ceux qui ont été atteints dans leur dignité et leur orgueil. Qu’elles trouvent ici l’expression de ma profonde compassion pour tout ce qu’elles ont dû subir et affronter comme douleur, à cause de la folie et de la méchanceté de la nature humaine ».
S’exprimant en lingala, son co-accusé Mathieu Ngudjolo est ensuite intervenu à son tour : « Si j’avais commis les crimes dont m’accuse le procureur, j’aurai plaidé coupable et aurait expliqué ces actes » a-t-il affirmé, avant de rappeler de nouveau qu’il était infirmier et procédait à un accouchement le jour de l’attaque.
« Je ne faisais partie d’aucun groupe militaire en Ituri » a-t-il réaffirmé. « Je n’étais pas un combattant, j’étais infirmier ». Pour Mathieu Ngudjolo, « les gens qui se sont battus le 24 février 2003 à Bogoro étaient constitués du gouvernement du Congo- Kinshasa, des ougandais, du RCD-KML de Mbusa Nyamwisi et du FRPI. Ni moi, ni les gens de Zumbe, n’ont pris part à la bataille de Bogoro. »
Accusés d’avoir mené un plan commun, Katanga et Ngudjolo affirment s’être rencontrés, pour la première fois, en mars 2003, peu après l’attaque de Bogoro.
Au terme des audiences, les juges sont entrés en délibéré. Le jugement pourrait être rendu à l’automne prochain.
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