Poursuivi pour génocide et extermination, Uwinkindi est notamment accusé d’avoir dirigé des attaques meurtrières contre les Tutsis de sa paroisse de Kayenzi (est) et des environs pendant le génocide des Tutsis de 1994.
« Je n’ai pas de sang humain sur les mains. Je le jure devant Dieu et les hommes. On m’attribue des pouvoirs que je n’avais pas. Je n’ai terminé que la cinquième année de l’école primaire», a déclaré l’homme d’église vêtu d’un costume gris.
Abondant dans le même sens, son avocat Gatera Gashabana a dénoncé un acte d’accusation vague et imprécis.
Le plaideur rwandais a par ailleurs fustigé des violations des droits de son client depuis son arrestation en juin 2010 à Mbarara, en Ouganda.
« A Mbarara, il a été jeté dans une maison abandonnée et a passé deux jours et deux nuits sans manger ni boire», a accusé l’avocat qualifiant ce traitement de « torture ».
« Au TPIR, il a passé deux semaines dans l’isolement, a été soumis à un interrogatoire qui visait à lui soutirer des aveux et non à conduire à un procès équitable (…) Il vient de passer deux ans en détention préventive », a encore dénoncé Me Gatera Gashabana.
« Au regard de la fragilité du dossier de l’accusation et de tous ces vices de procédures, nous demandons au juge de prononcer la libération immédiate et sans condition du pasteur Uwinkindi », a-t-il conclu.
Pour sa part, le procureur Ndibwami Rugambwa a soutenu que les droits de l’accusé avaient été minutieusement respectés depuis son transfert au Rwanda.
« Etant donné la gravité des crimes, nous demandons le maintien en détention du pasteur Uwinkindi », a-t-il dit. Le juge John Byakatonda a annoncé qu’il rendrait sa décision mercredi.
Lors de sa première comparution devant un juge rwandais le 26 avril, le pasteur avait obtenu un report de quatre mois de son procès, pour éplucher le dossier avec Me Gashabana qui venait à peine d’être commis à sa défense.
Le renvoi d’Uwinkindi a été décidé, dans une décision historique, le 28 juin 2011 et confirmé par la chambre d’appel le 16 décembre. Le transfert effectif a été retardé suite aux tractations entre le greffe du TPIR et des organisations pressenties comme pouvant faire le monitoring de ses conditions de détention et de son procès.
Depuis son arrivée, le pasteur Uwinkindi est hébergé à la prison centrale de Kigali, communément appelée « 1930 ».
SRE/ER/GF