Poursuivi pour génocide et extermination, le pasteur a été reconduit dans son pays en avril dernier, au terme d’un âpre combat contre son transfert.
Le juge John Byakatonda a décidé de maintenir l’accusé en détention provisoire pour une durée supplémentaire de 30 jours « au regard de la gravité des faits portés lui et de peur qu’il ne fuie le pays pour tenter d’échapper à la justice ».
le prêtre et son avocat, Gatera Gashabana, ont immédiatement déclaré qu’ils faisaient appel de la décision.
Maître Gashabana avait demandé la libération provisoire de son client lundi, lors de la deuxième comparution de ce dernier devant un tribunal rwandais.
L’avocat rwandais avait expliqué que le dossier de l’accusation était trop vague et que les droits de l’accusé avaient été violés depuis son arrestation en Ouganda, en juin 2010.
Le juge a tranché que l’acte d’accusation était suffisamment clair et que la défense n’avait pas prouvé ces violations alléguées de ses droits.
Le pasteur Uwinkindi, 61 ans, est notamment accusé d’avoir dirigé des attaques meurtrières contre les Tutsis de sa paroisse de Kayenzi (est) et des environs pendant le génocide des Tutsis de 1994. Ce qu’il a nié lundi, en expliquant que le procureur lui attribue des pouvoirs qu’il n’avait pas. « Je n’ai terminé que la cinquième année de l’école primaire », a-t-il protesté.
Lors de sa première comparution devant un juge rwandais le 26 avril, le pasteur avait obtenu un report de quatre mois de son procès, pour éplucher le dossier avec Me Gashabana qui venait à peine d’être commis à sa défense.
Le renvoi d’Uwinkindi a été décidé, dans une décision historique, le 28 juin 2011, et confirmé par la chambre d’appel le 16 décembre. Le transfert effectif a été retardé suite aux tractations entre le greffe du TPIR et des organisations pressenties comme pouvant faire le monitoring de ses conditions de détention et de son procès. En attendant l’aboutissement de ces négociations, le TPIR a confié cette tâche à deux de ses juristes qui se trouvaient dans la salle mercredi.
Depuis son arrivée au Rwanda, le pasteur Uwinkindi est hébergé à la prison centrale de Kigali (PCK), communément appelée « 1930 ».
Le renvoi de certains affaires vers les juridictions nationales, y compris celles du Rwanda, fait partie de la stratégie de fin de mandat du TPIR qui doit déposer son bilan fin 2012.
SRE-ER/GF