Le sénateur congolais est accusé de crimes contre l’humanité pour pillages, viols et meurtres perpétrés par les combattants du MLC lors de leur intervention en Centrafrique d’octobre 2002 à mars 2003, à la demande du président d’alors, Ange-Félix Patassé. Un chef d’Etat démocratiquement élu, rappelle l’expert, mais victime, selon lui, des pratiques centrafricaines : les coups d’Etat. A l’époque, Ange-Félix Patassé était menacé par les rebelles de François Bozizé, aujourd’hui au pouvoir.
« Les Centrafricains ont fait du coup d’Etat militaire le mode d’accession à la magistrature suprême, constate doctement Octave Dioba. Si nous sommes réunis dans cette auguste salle pour discuter, c’est parce qu’au départ, était d’abord un coup d’Etat. Un coup d’Etat que le général François Bozizé avait perpétré contre les institutions de la République. »
Selon l’expert, l’implication du Mouvement pour la libération du Congo dans la guerre de 2002 en Centrafrique dépasse la situation dans ce seul pays. Octave Dioba estime que le MLC était, légalement, en charge de la sécurité et de l’administration du nord de la République démocratique du Congo (RDC), en vertu de l’accord de Lusaka, du 10 juillet 1999 et qu’à ce titre-là, il avait la charge de la sécurité de la frontière avec la Centrafrique. Pour l’expert, l’accord de Lusaka donnait aux mouvements signataires le devoir d’administrer une partie du territoire congolais.
« Le Congo, solidaire, peut apporter assistance au niveau du déploiement des hommes en Centrafrique, qui est menacée dans sa souveraineté, a affirmé l’expert. A la demande de ce pays, le Mouvement pour la libération du Congo, respectant ses normes politico-juridiques, a mis à la disposition de ce pays voisin agressé, des hommes pour sa sécurité, la protection de sa souveraineté et de son intégrité ».
« Est-ce que Jean-Pierre Bemba ou l’entité MLC, avait des intérêts personnels, stratégiques ou politiques, à envoyer ses forces armées sur le territoire de la Centrafrique à partir d’octobre 2002 ? a interrogé l’avocat de l’accusé, maître Aimé Kilolo. Pour l’expert, l’accusé avait alors d’autres préoccupations, liées à la situation en RDC. « Il était un homme politique, engagé dans les négociations car il y avait d’autres accords plus importants qui se profilaient ».
La déposition de l’expert doit se poursuivre mercredi. C’est le second témoin appelé par la défense depuis le 14 août. La défense dispose de huit mois pour présenter les 63 témoins qu’elle entend appeler à la barre de la Cour.
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