Bemba est poursuivi pour des crimes commis en 2002 et 2003 en Centrafrique par ses combattants du Mouvement pour la libération du Congo (MLC).
Ancien officier des services de renseignements sous le régime de l’ancien président centrafricain, Ange-Félix Patassé, D0407 s’était présenté à la barre du 19 au 21 septembre mais avait ensuite « disparu », avant de boucler son témoignage. « On ne sait pas où il se trouve », a indiqué mardi matin la juge brésilienne Sylvia Steiner.
Un second témoin, identifié par le pseudonyme D 0411, devait se rendre au siège de la Cour le 25 septembre, mais « le témoin n’est pas monté dans l’avion », a-t-elle ajouté. « Les autorités nationales ont été informées de ces incidents et sommées de donner des informations sur l’endroit où se trouvent ces témoins », a encore indiqué la magistrate, sans préciser le ou les pays concernés. En ouvrant la présentation de la défense, le 14 août, les avocats avaient indiqué que des responsables congolais et centrafricains seraient appelés à déposer.
En attendant, le procès de Jean-Pierre Bemba devrait reprendre le 15 octobre avec l’audition des 59 témoins que la défense compte appeler. Certains de ces témoins pourraient désormais être entendus par vidéoconférence, éventuellement depuis le siège du Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR), basé à Arusha, en Tanzanie. La chambre a ordonné au greffe d’établir une étude et un devis.
Maître Aimé Kilolo, avocat de Jean-Pierre Bemba, a indiqué que la majorité des témoins ne présentait pas de difficultés, mais que certains d’entre eux devraient bénéficier d’une prise en charge psychologique avant de venir déposer à la Cour. « Il y a des témoins qui risquent de s’auto-incriminer », a-t-il indiqué, « d’autres témoins qui ont des craintes de représailles contre eux-mêmes ou des membres de leur famille.»
Le représentant du Greffe, Marc Dubuisson, a indiqué n’avoir reçu aucune demande de protection spécifique de la part de la défense au cours des derniers mois. De son côté, la procureure, Petra Kneuer, a affirmé, sans plus de précisions, que la chambre était saisie d’une plainte concernant l’un des deux témoins et qu’il était dès lors « capital qu’il dépose ».
La procureure a rappelé qu’au début de l’année, l’accusation avait connu des difficultés similaires pour faire venir les témoins selon le calendrier arrêté par la Cour. « La défense avait promis de faire mieux et doit maintenant assumer la responsabilité de ce qui arrive », a-t-elle asséné.
« Déloyal », a rétorqué l’avocat de Jean-Pierre Bemba, affirmant que les témoins sont prêts, à l’exception des deux individus concernés. « Selon nous, c’est uniquement pour des préoccupations sécuritaires que ces témoins n’ont pas pu poursuivre leur déposition devant cette chambre » a-t-il déclaré.
Depuis le début de la présentation de sa défense, le 14 août, Jean-Pierre Bemba a appelé trois experts à la barre ainsi que deux témoins de faits, dont D0407. Le sénateur congolais est poursuivi pour crimes contre l’humanité et crimes de guerre commis en Centrafrique en 2002 et 2003. Il affirme que les soldats du Mouvement pour la libération du Congo (MLC), qu’il préside, avaient été placés sous l’autorité du gouvernement centrafricain.
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