« Le Parlement [zambien] a noté que le Rwanda avait écrit au gouvernement zambien en demandant l’extradition de six de ses ressortissants pour qu’ils répondent d’accusations relatives au génocide de 1994 », rapporte The Times Of Zambia sur son site internet.
Mais le vice-ministre des Affaires étrangères Effron Lungu a expliqué que « le gouvernement ne pouvait remettre les six fugitifs au gouvernement rwandais en l’absence d’un accord » d’extradition entre les deux pays, poursuit le journal zambien, sans identifier les suspects.
Lungu a ajouté que son pays était prêt à livrer les concernés si la demande venait du Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR).
Interrogé à Kigali par le quotidien rwandais The New Times, le procureur général du Rwanda, Martin Ngoga a trouvé l’explication « simpliste ». « L’absence d’un accord bilatéral est quelque chose qui pourrait être résolu dans un bref délai si les autorités zambiennes voulaient aller de l’avant », a réagi Ngoga cité dans le journal rwandais.
Le haut magistrat a rappelé qu’un prêtre catholique rwandais avait été récemment expulsé de Zambie où les autorités l’accusaient d’avoir tenu un sermon hostile au gouvernement. Au moment de l’expulsion, a souligné le procureur général, Lungu a expliqué qu’il s’agissait de « sauvegarder l’état de droit et l’ordre dans le pays ».
Ngoga a ajouté que son pays allait renouveler les demandes d’extradition.
Pour sa part, le procureur chargé de la cellule de recherche des accusés de génocide en fuite à l’étranger, Jean-Bosco Siboyintore, a souligné que l’absence d’accord d’extradition ne devrait pas garantir l’impunité à des personnes soupçonnées de crimes aussi graves.
« En usant de la compétence universelle, ils pourraient les juger eux-mêmes. Nous les exhortons à faire en sorte que ces gens soient traduits en justice s’ils ne peuvent pas les renvoyer ici », a déclaré Siboyintore, cité dans le New Times.
Des pays européens ont déjà commencé à juger des personnes d’origine rwandaise accusées de participation au génocide des Tutsis de 1994 mais, le Rwanda mis à part, aucun pays africain n’a encore tenté cette expérience.
ER/GF