Mercredi, lors d’une audience consacrée à la demande rwandaise de renvoyer devant la justice de son pays l’ancien ministre des Travaux publics Hyacinthe Rafiki Nsengiyumva, l’avocat général Jean-Charles Lecompte avait émis un avis défavorable.
Il avait notamment dénoncé « le manque de clarté manifeste » des autorités rwandaises dans cette affaire.
« C’est pitoyable ce degré d’arrogance, mais nous avons connu des cas similaires par le passé.(…) Seul leur pays reste un havre très sûr pour les massacreurs de masse. Il n’y a pas de quoi être fier », a réagi Martin Ngoga.
A l'audience de mercredi, l'avocat général Lecompte s’est également dit "surpris" de voir que la demande d'extradition émanait du même procureur général qui a signé l'acte d'accusation et le mandat d'arrêt, Martin Ngoga. Pourtant, s’est moqué le magistrat français, «dans toutes les facultés de droit on enseigne qu'une demande d'extradition devrait être le fait d'un gouvernement ».
« En France, nous avons affaire à un système qui n’a pas été capable de rompre les liens avec le passé. Nous avons besoin d’objectivité pour aller de l’avant en dépit d’un passé discutable », a répliqué Ngoga. Kigali accuse en effet Paris d’avoir soutenu le dernier régime rwandais sous lequel fut perpétré le génocide des Tutsis de 1994.
« Ces juristes devraient savoir que nous avons réussi dans beaucoup de pays à l’exception du leur », a-t-il ajouté.
La chambre d'instruction de la Cour d'appel de Paris a annoncé, à l’issue de l’audience de mercredi, qu’elle rendrait sa décision le 19 décembre dans l'affaire de l'extradition de l'ancien ministre.
Cette procédure a débuté le 9 août 2011, avec l'interpellation à Créteil (près de Paris) de Rafiki Nsengiyumva.
ER/GF