Le procureur militaire d'Abidjan a requis lundi la prison "à perpétuité" pour le commandant Anselme Séka Yapo, poursuivi pour "assassinat" dans le procès de neuf officiers ivoiriens fidèles à l'ex-président Laurent Gbagbo durant la crise postélectorale de 2010-2011.
Surnommé "Séka Séka", le commandant Anselme Séka Yapo, ancien chef de la sécurité rapprochée de l'ex-Première dame ivoirienne Simone Gbagbo, est poursuivi pour le "meurtre" du chauffeur de l'ancien ministre chargé des Droits de l'Homme et actuel porte-parole du Rassemblement des républicains (RDR, au pouvoir), Joël N'Guessan.
Le commandant Yapo est "un monstre qui a trop tué, il est temps qu'il paie pour ces crimes", a lancé le colonel Ange Kessi, commissaire du gouvernement (équivalent de procureur militaire) lors de son réquisitoire.
"Je requiers la prison à perpétuité contre ce tueur sanguinaire, car (tant que) ce monsieur (sera) en liberté, la Côte d'Ivoire ne sera pas en paix", a souligné le colonel Kessi.
Le commandant Anselme Séka Yapo est poursuivi pour "assassinat" et "blanchiment d'argent aux fins d'achat d'armes". Il plaide non coupable.
"On ne peut retenir ces infractions car elles ne sont basées sur aucun fondement (...) les expertises n'ont pu démontrer la mort par balle" du chauffeur, a pour sa part estimé Me Gohi Bi, un des avocats de la défense.
Huit officiers, dont deux piliers de l'appareil sécuritaire de l'ex-président Laurent Gbagbo, comparaissent depuis le 9 juin dans ce procès. Un neuvième prévenu ne s'est jamais présenté à l'audience.
Le procureur a également requis 15 ans de prison pour le commandant Jean-Noël Abéhi, l'autre homme fort de l'ancien régime, qui dirigeait le plus grand camp de gendarmerie du pays, basé à Abidjan. Il est poursuivi pour "désertion à l'étranger".
Le procureur a présenté le commandant Abéhi comme "un caïd, la terreur des civils pendant la crise (postélectorale), qui voue une haine pour (le) régime" du président Alassane Ouattara.
"36 mois de prison ferme" ont été demandés par le parquet contre les six autres officiers, poursuivis pour "violation de consignes".
La défense a plaidé la relaxe "pure et simple" des accusés.
La crise de 2010-2011, causée par le refus de Laurent Gbagbo de reconnaître la victoire du président Alassane Ouattara à l'élection de novembre 2010, avait fait quelque 3.000 morts.
M. Gbagbo, emprisonné depuis trois ans à La Haye, doit être jugé à partir de novembre pour crimes contre l'humanité par la Cour pénale internationale.