Alors que le journaliste Esdras Ndikumana souffrait encore de coups et blessures après avoir été agressé la veille au matin à Bujumbura par des éléments des forces de l'ordre, le défenseur des droits humains Pierre Claver Mbonimpa a été blessé par balles lundi soir toujours dans la capitale burundaise.
Le défenseur des droits de l'homme est actuellement en soins intensifs, selon l'organisation Human Rights Watch (HRW). « Nous sommes choqués par cette attaque flagrante contre l'un des activistes les plus éminents et respectés du Burundi », déclare Daniel Bekele, directeur Afrique de Human Rights Watch. « Les autorités burundaises doivent immédiatement prendre des mesures pour garantir la sécurité et la protection de Pierre Claver Mbonimpa», ajoute M. Bekele, dans un communiqué publié mardi.
Selon HRW, des rumeurs circulaient lundi matin sur les réseaux sociaux indiquant que Mbonimpa avait été fusillé ou arrêté. Le militant des droits de l'homme était pourtant à son travail comme à son habitude.
Vers 17h30, après avoir quitté son bureau, il a été visé par un homme non identifié à moto, qui a tiré sur sa voiture, le blessant au visage et au cou. Mbonimpa a été immédiatement transféré à l'hôpital.
Président de l'Association pour la protection des droits humains et des personnes détenues (APRODH), Mbonimpa, aujourd'hui âgé de 67 ans, est l'un des défenseurs des droits humains les plus respectés dans son pays.
Il avait été arrêté en mai 2014 et accusé d'atteinte à la sûreté de l'Etat suite à des propos tenus à la radio. Il avait par la suite été libéré provisoirement pour raisons de santé.
Alors que la plupart des défenseurs des droits humains et des journalistes burundais ont pris le chemin de l'exil après le déclenchement de la répression menée par le gouvernement contre les opposants au troisième mandat controversé du président Pierre Nkurunziza, Mbonimpa est l'un des rares à avoir choisi de rester au Burundi.
L'attaque contre l'activiste a eu lieu juste un jour après l'assassinat à Bujumbura - même de l'ancien chef des services de renseignement, le général Adolphe Nshimirimana, un personnage puissant, allié du président Nkurunziza.
« Ces deux événements sont susceptibles de provoquer de nouvelles tensions dans un contexte politique et sécuritaire qui se détériore rapidement », avertit Human Rights Watch.
Dans le cadre de son travail habituel de reporter, le journaliste Esdras Ndikumana, correspondant de RFI et de l'AFP, s'était rendu dimanche sur les lieux de l'attaque ayant coûté la vie plus tôt au général Adolphe Nshimirimana.
Alors qu'il prenait des photos, il a été arrêté et roué de coups par les forces de sécurité gouvernementales en présence de plusieurs députés et représentants gouvernementaux.
Le président Nkurunziza a gagné les élections du mois dernier, qu'il a organisée en dépit d'un mouvement de protestation sans précédent de l'opposition et de la société civile ainsi que de nombreux appels de la communauté internationale qui demandait un report.
Des dizaines de personnes ont été tuées lors de ces manifestations de l'opposition et de la société civile qui ont été parfois violemment réprimées par la police.