Aujourd’hui âgé de 62 ans, le pasteur pentecôtiste, qui ne parle que le kinyarwanda, sa langue maternelle, est poursuivi pour génocide et extermination. Le procureur l’accuse notamment d’avoir fait massacrer des fidèles tutsis de sa paroisse de Kanzenze, dans l’est du Rwanda, en 1994. Il est présenté par l’accusation comme l’un des principaux organisateurs des massacres dans cette région.
Après un premier report en janvier, le démarrage du procès avait été fixé au lundi 04 mars. Mais, « l’audience a été reportée au 20 mars, l’accusé s’étant dit confronté à certaines difficultés », a indiqué à l’agence Hirondelle le porte-parole des cours et tribunaux du Rwanda, Charles Kaliwabo, joint par téléphone à Kigali. Selon Kaliwabo, Uwinkindi a notamment expliqué que son équipe de défense, qui compte aujourd’hui deux avocats, avait besoin d’être renforcée par des enquêteurs et que le matériel mis à sa disposition n’était pas suffisant. « En fait, ça été une conférence de mise en état. La chambre lui a donné jusqu’au 11 mars pour plaider toutes ses demandes dans une seule requête écrite à laquelle le procureur devra répondre au plus tard le 18 mars », a indiqué le porte-parole. Le prédicateur étant considéré comme indigent, donc incapable de payer les services d’avocats ou d’enquêteurs, c’est le gouvernement rwandais qui supporte le coût de sa défense.
Ce manque d’enquêteurs est par ailleurs évoqué dans un récent rapport du TPIR qui a mis en place un mécanisme de surveillance du déroulement de l’affaire depuis le transfèrement de l’homme d’église au Rwanda le 19 avril 2012. Dans ce rapport daté du 28 février, un observateur du TPIR, Constant Hometowu, indique s’être entretenu avec Uwinkindi à la Prison centrale de Kigali (PCK), communément appelée 1930 (date de sa construction). « Il a exprimé de graves préoccupations suite au manque de décision sur sa demande » de pouvoir engager ces enquêteurs aux frais de l’Etat, rapporte Hometowu. « Il a dit que la seule réponse reçue jusqu’à présent est que la défense devrait déposer la liste de ses témoins pour que le procureur conduise les enquêtes pour le compte de l’accusé », poursuit l’employé du TPIR. D’après le rapport mensuel de Hometowu, le pasteur « a relevé » que cette pratique est contraire à celle du TPIR où chaque accusé a droit à une équipe de défense comprenant des avocats et des enquêteurs. Toujours selon ce document du TPIR, Uwinkindi n’a pas confiance dans un système où les témoins à décharge sont contactés par le procureur pour le compte de la défense. Il craint que le procureur les intimide ou les contraigne à témoigner pour l’accusation.
Arrêté le 30 juin 2010 en Ouganda et transféré le surlendemain au centre de détention du TPIR à Arusha, en Tanzanie, le pasteur n’a cessé depuis lors de clamer son innocence. Son renvoi vers la justice de son pays fait partie de la stratégie de fin de mandat du TPIR qui doit déposer son bilan au plus tard en décembre 2014.
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