« Je tiens à vous dire que j’ai déposé un acte notifiant aux juges l’abandon des accusations portées contre M. Francis Kirimi Muthaura », écrit la procureure Fatou Bensouda, dans une lettre adressée aux Kényans.
« J’ai pris cette décision après avoir minutieusement examiné tous les éléments de preuve qui sont en ma possession », poursuit Bensouda félicitant au passage les Kényans pour le déroulement pacifique des élections générales du 4 mars.
« Il est de mon devoir de n’engager une procédure que lorsque je suis convaincue que l’on peut raisonnablement espérer une condamnation au procès. Dans le cas contraire, il en va de ma responsabilité en tant que Procureur de prendre la décision de retirer les charges », indique Fatou Bensouda.
« Il s’agit là d’une décision exceptionnelle que je n’ai pas prise à la légère et je suis convaincue qu’il s’agit de la bonne décision. J’ai expliqué aux juges les raisons qui m’ont conduite à faire ce choix, notamment, les difficultés extrêmes rencontrées par mon Bureau dans le cadre de l’enquête visant M. Muthaura », explique-t-elle.
Selon cette lettre publiée sur le site internet de la CPI, « plusieurs personnes qui auraient pu fournir des éléments de preuve importants à propos des agissements de M. Muthaura, sont décédées tandis que d’autres sont trop effrayées pour venir témoigner à la barre ».
«Le gouvernement du Kenya n’a malheureusement pas fourni d’éléments de preuve de poids à mon bureau et ne l’a pas aidé à prendre contact avec des témoins capitaux qui auraient pu permettre de faire la lumière sur l’affaire Muthaura », indique-t-elle.
Toujours selon cette lettre, le témoin principal contre M. Muthaura « est revenu sur une partie essentielle de son témoignage et a reconnu avoir accepté des pots-de-vin ».
La procureure tient à souligner que sa décision ne concerne que Muthaura. Trois autres Kényans sont en effet poursuivis par la CPI pour crimes contre l’humanité commis dans leur pays lors des violences post-électorales de 2007 et 2008.
Il s’agit notamment d’Uhuru Kenyatta, vainqueur de la présidentielle du 4 mars, du député William Ruto et du journaliste Joshua Sang. Les procès n’ont pas encore démarré.
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