La plupart des témoins de cet opposant au président Joseph Kabila expliquent en effet, selon les requêtes de la défense, craindre pour leur sécurité s’ils devaient se déplacer au siège de la CPI, à La Haye aux Pays-Bas, ou ne disposent pas de documents de voyage. C’est le cas du témoin D04- 39 qui a déposé lundi et mardi. La défense avait expliqué, dans une requête, que le témoin n’avait ni passeport ni visa. Ces informations ont été confirmées par la greffe après vérification et la chambre a fait droit à la demande de la défense.
Inculpé de crimes de guerre et crimes contre l’humanité, Jean-Pierre Bemba répond d’exactions commises en Centrafrique, en 2002 et 2003, par ses hommes du Mouvement pour la libération du Congo (MLC) qui avaient été envoyés en renforts au président centrafricain de l’époque, Ange-Félix Patassé, aux prises avec les rebelles de François Bozizé. Ce dernier, qui avait chassé du pouvoir le président Patassé, vient, à son tour, d’être renversé par les rebelles du Séleka. Le procureur soutient que Bemba n’a rien fait pour prévenir les crimes commis par ses hommes en Centrafrique, ni pour en sanctionner les auteurs. Mais comme d’autres témoins de la défense, D04-39 a rejeté cette thèse de l’accusation. Selon le site www.bembatrial.org, un projet de l’organisation américaine Open Society Justice Initiative, le témoin a affirmé que les troupes du MLC déployées en Centrafrique étaient sous le commandement opérationnel des autorités militaires du pays. D04-39, qui était lui-même membre des rebelles congolais du MLC, a soutenu qu’il était impossible pour Bemba d’obtenir des renseignements de terrain sur le territoire centrafricain et réagir dans les meilleurs délais. Il a ajouté qu’aucun officier des renseignements du MLC n’avait été envoyé en Centrafrique. Les renseignements, c’était l’affaire des Centrafricains eux-mêmes, a expliqué le témoin.
Sur la soixantaine de témoins à décharge annoncés, dix-huit seulement ont déjà déposé depuis l’ouverture de la défense en août 2012.
Bemba est jusqu’à présent le seul poursuivi par la CPI pour des crimes commis en Centrafrique. Mais la procureure de la Cour, Fatou Bensouda, a déclaré lundi qu’elle suivait de près la situation de ce pays où les nouveaux maîtres, les rebelles du Séleka, sont accusés de perpétrer diverses exactions contre des civils. «Notre mandat est de mettre fin à l’impunité pour de tels crimes et notre compétence s’étend sur tout le territoire de la République centrafricaine », a rappelé Bensouda.
ER