Basées dans l’Est de la République démocratique du Congo (RDC), les FDLR, qui sont considérées comme l’une des principales sources de l’insécurité dans la région des Grands lacs africains, comptent, dans leurs rangs, des éléments soupçonnés de participation au génocide des Tutsis.Dimanche, lors d’un sommet à Addis-Abeba, en Ethiopie, sur la crise dans la partie orientale de la RDC, le chef de l’Etat tanzanien a recommandé des négociations entre Kinshasa et les rebelles du Mouvement du 23 Mars (M-23) mais aussi entre Kigali et les FDLR.Dans une lettre ouverte au secrétaire général de l’ONU, l’Association des étudiants rescapés du génocide (AERG) dénonce le « soutien éhonté et insensible » du président Kikwete « aux auteurs du génocide de 1994 contre les Tutsis ». Pour cette association, le dirigeant tanzanien s’est ainsi « présenté comme un négationniste et un révisionniste du génocide ». « S’il a choisi de soutenir ceux qui veulent terminer leur mission non-achevée de génocide des Tutsis, il peut être assuré de ne jamais réussir puisque nous ne mourrons plus jamais », affirme l’association. « Nous les soussignés, étudiants survivants, ne demandons rien d’autre que des excuses pour ces déclarations ignobles », ajoute la lettre.Le président Kagame qui était présent lors du discours de Kikwete avait répondu par le silence. Le lendemain, c’est sa ministre des Affaires étrangères, Louise Mushikiwabo, qui avait réagi dans un entretien avec RFI. « Ca ne nous étonne pas. Parce que des porte-parole des FDLR, il y en a beaucoup. Il y en a qui sont très alignés sur les FDLR, idéologiquement », avait déclaré Mushikiwabo «Il y a des sympathies, ici et là. Au niveau de notre voisinage, mais aussi loin du Rwanda », avait-elle ajouté, jugeant « aberrante » la position du président tanzanien.Même son de cloche de la part de l’Assemblée nationale rwandaise. « On n’entre pas en négociations avec des génocidaires. C’est une insulte pour les Rwandais », a déclaré le président de la Commission parlementaire des Affaires étrangères, Gédéon Kayinamura cité par le quotidien New Times.Pour sa part, Pierre Rwanyindo, directeur de l'Institut rwandais de recherche et de dialogue pour la paix (IRDP), a reproché au président tanzanien « d’ignorer l’Histoire ». Kikwete « devrait d’abord se demander comment les FDLR se sont retrouvées au Congo. Le gouvernement rwandais encourage tous les réfugiés rwandais à rentrer au pays mais les FDLR veulent tout simplement attaquer le Rwanda à cause des crimes qu’ils ont commis pendant le génocide des Tutsis de 1994 », a-t-il déclaré à ce journal privé.Le Rwanda et la Tanzanie sont tous deux membres de la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC) qui regroupe également le Burundi, le Kenya et l’Ouganda. La Tanzanie abrite par ailleurs le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) chargé de rechercher et juger les principaux auteurs présumés du génocide des Tutsis de 1994.ER