La procureure, Fatou Bensouda, s’est adressée aux victimes, assurant que leur sécurité restait sa priorité « numéro 1 ». « Je vous salue pour votre courage et pour les sacrifices que vous avez faits pour la justice » ; a-t-elle lancé, rappelant que les deux accusés sont poursuivis pour crimes contre l’humanité commis suite à l’élection présidentielle de décembre 2007. Les violences avaient fait plus de 1100 morts et 650 000 déplacés selon une commission d’enquête kényane. Au cours des derniers mois, plusieurs témoins se sont rétractés, évoquant leur crainte de devoir témoigner dans l’affaire, et, selon la procureure, les intimidations dont ils auraient été victimes. Fatou Bensouda a mis en garde leurs auteurs. « Corrompre ou influencer les témoins, obstruer ou interférer avec les dépositions de témoins, prendre des mesures de représailles contre les témoins ou interférer avec la récolte des preuves sont des infractions graves au statut de Rome, pour lesquelles un maximum de cinq ans de prison » est prévu, a-t-elle rappelé. Les enquêteurs du bureau du procureur tentent de récolter les preuves de ces allégations, mais à ce jour, aucune poursuite n’a, semble-t-il, été engagée. En face, la défense a décidé de contre-accuser. Pour l’avocat en chef de William Ruto, l’enquête du procureur est un « capharnaüm », une « parodie de justice » qu’il entend dénoncer dès l’ouverture du procès mardi 10 septembre. Maître Karim Khan a assuré que plusieurs témoins du procureur mentent. « Le parjure est une offense punie par l’emprisonnement »), a-t-il menacé, assurant que la défense ne souhaite pas « que les témoins se retirent ». Pour maître Joseph Kigen-Katwa, l’avocat de Joshua Sang, animateur de la radio Kass FM, l’affaire n’est que « le produit d’une conspiration pour laquelle, en toute équité, le procureur devrait être poursuivi ». Le vice-président du Kenya était attendu dans la soirée de lundi à La Haye, et devrait, selon la presse kényane, être accompagné d’une vingtaine de parlementaires venus soutenir leur ténor pour la première semaine du procès. SM/ER