Dans une interview publiée dimanche par l’hebdomadaire Jeune Afrique, le chef de l’Etat rwandais dénonce le « rôle direct de la Belgique et de la France dans la préparation politique du génocide et la participation de cette dernière à son exécution même ».Il accuse les soldats français de l'opération militaro-humanitaire Turquoise, déployée en juin 1994, sous mandat de l'ONU dans le sud du pays, d'avoir été « complices certes » mais aussi « acteurs » des massacres. Ces accusations ont été maintes fois démenties par Paris.« Interrogez les rescapés du massacre de Bisesero en juin 1994 et ils vous diront ce que les soldats français de l'opération Turquoise y ont fait. Complices certes, à Bisesero comme dans toute la zone dite humanitaire sûre, mais aussi acteurs », indique Paul Kagame.En guise de réaction, la France a annulé sa participation aux cérémonies marquant le 20ème anniversaire du génocide qui seront présidées lundi à Kigali par le chef de l’Etat rwandais.C’est la ministre de la Justice Christiane Taubira qui avait été désignée pour représenter Paris.Le Rwanda avait suspendu ses relations diplomatiques avec la France en 2006 après le lancement de mandats d'arrêt contre des proches du président rwandais Paul Kagame, soupçonnée d'avoir joué un rôle dans l'attentat du 6 avril 1994 contre l'avion du président Juvénal Habyarimana.Rétablies fin 2009, les relations franco-rwandaises s’étaient progressivement normalisées.Une visite à Kigali de l’ex-président Nicolas Sarkozy et un déplacement à Paris de son homologue rwandais avaient scellé cette réconciliation.En dépit de cette nouvelle mise en cause, la Belgique, elle, n’a pas changé son fusil d’épaule. Comme annoncé, l’ancienne puissance coloniale du Rwanda sera représentée par son vice-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères, Didier Reynders, et par le ministre de la Coopération au développement, Jean-Pascal Labille.La délégation américaine sera conduite par sa représentante à l'ONU, Samantha Power et comprendra plusieurs hauts diplomates dont la secrétaire d'Etat adjoint aux Affaire africaines, Linda Thomas-Greenfield et l’ambassadeur itinérant pour les crimes de guerre, Stephen Rapp.Le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, est également attendu ainsi que quelques chefs d’Etat africains.Les cérémonies se dérouleront au stade national à Kigali. Comme chaque année depuis 1995, une minute de silence sera observée à 12 heures (heure de Kigali) en mémoire des victimes du génocide. Selon le programme de la journée, Ban Ki-moon prendra la parole quelques minutes plus tard, suivi, après un chant de mémoire, par l’orateur du jour, Paul Kagame.RE-SRE