Cette arrestation survient alors que les relations entre la France et le Rwanda traversent une nouvelle crise, après des accusations du président rwandais Paul Kagame sur l'implication de la France dans le génocide des Tutsis.Muhayimana est accusé par la justice rwandaise d'avoir activement « participé au massacre de l'église de Kibuye (ouest du Rwanda) le 17 avril 1994 où plusieurs milliers de tutsis ont été tués et dans un stade le lendemain.Ancien chauffeur d'une guest-house de Kibuye, aujourd'hui employé municipal à Rouen, M. Muhayimana était réclamé par Kigali, mais sa demande d'extradition avait été refusée en février, après une décision de la cour de cassation fondée sur le principe de non-rétroactivité. Selon ce principe, on ne peut être jugé pour une infraction non définie par la loi au moment des faits. Or le génocide n'est poursuivi au Rwanda qu'en vertu de lois datant de 1996 et 2004.« Cela me paraît aberrant qu'il ait été placé en détention provisoire alors qu'il a des garanties de représentation. Je m'étonne beaucoup de l'activation de ce dossier en pleine commémoration du génocide au Rwanda", a réagi l'avocat de Claude Muhayimana, Me Philippe Meilhac.L'enquête visant son client, qui a obtenu la nationalité française en 2010, fait suite à une plainte déposée début juin 2013 par le Collectif des parties civiles pour le Rwanda (CPCR), une organisation traquant les génocidaires présumés. Le président du Collectif, Alain Gauthier, joint par l'AFP au Rwanda où se déroulent les manifestations commémorant le génocide, s'est félicité de cette interpellation: « Chaque arrestation faisant suite à l'une de nos plaintes est une grande satisfaction. Cela donne du poids à notre travail. Nous espérons qu'il sera maintenu en détention ».ER