« Ma conscience ne m’accuse de rien. J’ai fait tout ce qui était en mon pouvoir », a affirmé l’ex-ministre, lisant sa déclaration, debout devant les cinq juges de la chambre d’appel.« Je nourris l’espoir de voir votre chambre annuler le jugement de première instance et m’acquitter », a-t-il poursuivi, qualifiant d’ « absurdes » les conclusions des premiers juges.Le 31 mai 2012, l’ancien dignitaire avait été jugé coupable génocide, entente en vue de commettre le génocide, incitation directe et publique à commettre le génocide et extermination. L’ex-ministre a été condamné notamment pour sa participation, en compagnie d’autres membres du gouvernement, à une célèbre réunion tenue le 18 avril 1994, à Murambi, dans sa préfecture natale, Gitarama (centre).Selon le jugement, cette réunion a scellé « un accord » entre Nzabonimana et d’autres ministres, pour « encourager les meurtres de Tutsis ». Les parties à cet accord étaient animées, selon la chambre, de « l’intention spécifique de détruire en tout ou en partie la population tutsie comme telle, dans la préfecture de Gitarama ».Les trois juges ont par ailleurs conclu qu’il avait incité à l’élimination des Tutsis à travers des prises de parole publiques en différentes localités de la préfecture, en avril, mai et juin 1994.Dans sa déclaration mardi devant ses cinq juges de la chambre d’appel, Nzabonimana a affirmé que lui, qui était membre du parti présentiel, n’avait point d’influence dans la préfecture de Gitarama alors « entièrement acquise au MDR » (Mouvement démocratique républicain).L’ancien ministre a pris la parole après son avocat, Vincent Courcelle-Labrousse et le procureur Steffen Wirth.Maître Courcelle-Labrousse a soutenu, dans sa plaidoirie, que la chambre de première instance avait condamné Nzabonimana sur la base de témoignages peu crédibles, voire mensongers.Pour lui, la preuve de la partie adverse est entachée « de très nombreuses contradictions et incohérences ».Pour sa part, le procureur a réaffirmé sa thèse selon laquelle Nzabonimana était une personne respectée et écoutée avec attention dans sa préfecture.« Il était l’une des personnalités les plus importantes du pays. Lorsqu’il donnait des ordres, ces ordres étaient exécutés », a enfoncé Wirth.« La chambre d’appel rendra son arrêt en temps opportun », a annoncé le juge président Mehmet Günet, au terme de cette audience.Né en 1953, Nzabonimana est l'un des rares intellectuels du sud et du centre du Rwanda à être restés dans les rangs du MRND, le parti de l'ex-président Juvénal Habyarimana, après l'avènement du multipartisme 1991.ER