Une trentaine d’organisations de la société civile congolaise accusent la radio-télévision nationale (RTNC) de battre campagne en faveur d’un possible troisième mandat du président Joseph Kabila, rapporte Radio Okapi.
A l’occasion d’une conférence de presse jeudi à Kinshasa, ces ONG ont dénoncé «la manipulation populaire que les journalistes de la RTNC sont en en train de faire », indique cette radio.
Selon ces organisations, ce média public diffuse une précampagne électorale du président actuel Joseph Kabila, en vue de préparer un possible troisième mandat.
«Nous ne sommes pas d’accord avec ce que les journalistes de la RTNC diffusent comme informations, et je ne pense pas que ça soit l’opinion de la Nation congolaise, et encore moins de celle de Kinshasa », a déclaré Hubert Tshiswaka Masoka Hubert, directeur de l’Institut de recherche en droits humains (IRDH).
« On ne doit pas laisser quelqu’un essayer de manipuler l’opinion», a-t-il poursuivi.
Ces ONG ont interpellé le Conseil supérieur de l’audiovisuel congolais (CSAC), afin que «ces journalistes puissent répondre de leurs actes de manipulation ».
Hubert Masoka juge «irresponsable de la part d’un journaliste de jouer à un tel jeu, très dangereux pour la démocratie».
Joints par Radio Okapi, les responsables de la télévision publique n’ont pas souhaité commenter la prise de position de ces ONG.
Joseph Kabila, à la tête de son vaste pays depuis l’assassinat en janvier 2001, de son père Laurent-Désiré Kabila, a été élu président de la RDC en 2006 lors des premières élections libres du pays depuis son indépendance de la Belgique en 1960.
Il a été réélu en novembre 2011 pour un nouveau mandat de cinq ans à l’issue d’un processus électoral contesté par l’opposition et marqué par des irrégularités massives.
La Constitution ne lui permet pas de se représenter pour un troisième mandat.
Mais l’opposition, la société civile et le clergé catholique le soupçonnent de chercher à se maintenir au pouvoir au-delà du terme de son dernier mandat constitutionnel en 2016.
Près d’une trentaine de personnes avaient été tuées au début de l’année lors d’affrontements entre forces de l’ordre et manifestants hostiles à un troisième mandat du président Kabila.