A l’audience du 14 juillet, l’ancien instituteur avait récusé les deux avocats qui venaient d’être désignés par le barreau de Kigali pour sa défense. Il estimait qu’ils manquaient de compétence et d’expérience.Mardi, il était seul à la barre alors que le tribunal avait ordonné au barreau de lui soumettre une liste d’avocats pour qu’il puisse faire un choix.« Le barreau n’a toujours pas répondu à ma demande du 8 juillet et je ne peux pas faire confiance aux avocats figurant sur la liste présentée par le procureur qui est partie au procès », a-t-il plaidé.Le procureur Ndibwami Rugambwa a assuré lui avoir remis une liste de plus de 500 avocats. « Je ne peux pas prendre la question à la légère, car je fais l’objet de graves accusations », a poursuivi l’accusé, niant vouloir simplement retarder la procédure.Après deux heures de délibération, le juge Félix Ndahigwa du tribunal de base de Nyarugenge, dans la ville de Kigali, a reporté l’audience au 12 août prochain. Le barreau a jusqu’au 28 juillet pour remettre à Mbarushimana la liste d’avocats demandée.Pendant le génocide des Tutsis de 1994, Emmanuel Mbarushimana, aujourd’hui âgé de 52 ans, était inspecteur des écoles primaires de la commune Muganza, dans l’ancienne préfecture de Butare (sud).Le parquet de Kigali l’accuse d’avoir organisé et participé aux massacres de centaines de Tutsis, dans plusieurs localités de la préfecture.Le ministère danois de la Justice avait décidé en juin 2012 de renvoyer Mbarushimana au Rwanda pour jugement.L’homme, qui vivait au Danemark depuis 13 ans, avait attaqué la décision devant la justice de son pays d’accueil, avançant qu’il ne pouvait bénéficier d’un procès équitable au Rwanda et qu’il risquait d’y être torturé et persécuté.En novembre 2012, le tribunal de Roskilde, à l’ouest de Copenhague, avait cependant apporté son soutien à la décision du ministère. Mbarushimana et son avocat avaient interjeté appel, en vain. Un recours ultime avait alors été introduit devant la Cour suprême danoise qui a également confirmé, en novembre 2013, la décision d’extradition.Enfin, l’ancien instituteur avait saisi, toujours en vain, la Cour européenne des droits de l’Homme (CEDH).SRE/ER