«Vingt ans se sont écoulés depuis, mais nous voulons le dire clairement, nous fouillerons la planète pour que ces fugitifs restants soient traduits en justice, dans l'intérêt des victimes et dans l'intérêt des survivants », a déclaré Stephen Rapp, ambassadeur itinérant des Etats-Unis pour les crimes de guerre.«Il n'y a pas de date limite pour la poursuite de ces crimes (…) Ces hommes doivent répondre de leurs actes», a souligné Stephen Rapp qui s’exprimait en anglais lors d'une conférence de presse.Avant d'être nommé à ses fonctions actuelles, le juriste américain fut chef des poursuites au bureau du procureur du Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR), puis procureur du Tribunal spécial sur la Sierra Leone (TSSL).Les Etats-Unis participent à la recherche de ces accusés dans le cadre de leur programme global « Rewards for Justice » (Récompenses pour la Justice) mis en place en 1998 et qui a permis l'arrestation de plusieurs suspects dans le monde.Dans le cadre de sa stratégie de fin de mandat, le TPIR qui doit fermer ses portes au plus tard à la fin de l'année, a transféré à la justice rwandaise les dossiers concernant six des neuf accusés en fuite.Il s'agit du lieutenant-colonel Phénéas Munyarugarama, des anciens maires Charles Sikubwabo, Ladislas Ntaganzwa et Aloys Ndimbati, de l'ex-inspecteur de police judiciaire (IPJ) Fulgence Kayishema et d'un ancien restaurateur, Charles Ryandikayo.En revanche, le milliardaire Félicien Kabuga, l'ancien ministre de la Défense Augustin Bizimana et le major Protais Mpiranya qui commandait la garde du président Juvénal Habyarimana, devront, s'ils sont arrêtés, être jugés par le Mécanisme des Nations unies pour les tribunaux pénaux internationaux (MTPI), une structure résiduelle déjà en place.Le procureur du TPIR et du MTPI Hassan Bubacar Jallow explique qu'il s'agit de suspects de haut rang qui doivent absolument être déférés devant une juridiction internationale.« Ceux qui abritent les fugitifs obstruent la justice mais ne font que retarder l'inévitable », a ajouté l'ambassadeur Rapp, confiant que d'autres personnes auront le courage de donner les informations nécessaires pour que ces accusés soient arrêtés e traduits en justice.Selon des sources au TPIR, Kabuga, qui est notamment accusé d'avoir commandé les machettes utilisées pour tuer les Tutsis en 1994, mènerait des activités commerciales prospères au Kenya tandis que le major Mpiranya bénéficierait de la protection de hautes autorités zimbabwéennes. Ce que nient les deux pays mis en cause.Les autres inculpés, dont l'ex-ministre Bizimina, se cacheraient, selon les mêmes sources, en République démocratique du Congo (RDC) ou au Congo - Brazzaville.Des milieux proches des réfugiés rwandais affirment cependant que certains de ses accusés, dont Bizimana et Mpiranya, sont décédés, des informations démenties au TPIR.Egalement présent à la conférence de presse, le ministre rwandais de la Justice Johnston Busingye a indiqué que son pays recherchait 239 autres accusés de génocide, vivant dans une trentaine de pays étrangers. Il a précisé que les actes d'accusations avaient été transmis aux gouvernements concernés.SRE-ER