« Nos relations avec le gouvernement rwandais ne sont pas toujours bonnes à cause des soucis exprimés par Human Rights Watch au sujet de la répression dans le pays mais on a travaillé très bien avec le contingent de l’armée rwandaise déployé en Centrafrique », a déclaré Peter Bouckaert, directeur chargé des urgences à HRW.Le responsable de Human Rights Watch répondait à l’Agence Hirondelle en marge d’une conférence internationale sur la prévention du génocide, organisée par l’Académie internationale pour les principes de Nuremberg et la Fondation allemande Wayamo.« Nous admirons le courage, la détermination et le professionnalisme des troupes rwandaises, la contribution du Rwanda en Centrafrique. Les troupes rwandaises ont sauvé beaucoup de vies en Centrafrique grâce à leur action déterminée », a souligné l’activiste, dont l’organisation entretient pourtant des relations controversées avec Kigali.Le gouvernement rwandais a souvent qualifié de mensonges des rapports de HRW accusant le régime du président Paul Kagame de violer les droits de l’homme.Le représentant de HRW a critiqué les autres contingents de la force internationale déployée en Centrafrique, parmi lesquels l’opération française Sangaris et les troupes de la République du Congo, dont le président Sassou Nguesso assure la médiation dans la crise centrafricaine.Il a accusé les troupes congolaises d’avoir tué au moins 14 personnes depuis leur déploiement en 2013.S’agissant de l’opération française, il lui a reproché d’avoir, au début, fermé les yeux sur les exactions commises par le mouvement des Antibalaka, l’un des principaux protagonistes de la crise en Centrafrique.Selon lui, les hommes de la Sangaris semblaient comprendre leur mission comme consistant uniquement à désarmer les rebelles Séléka qui venaient de chasser du pouvoir le président François Bozizé.L’activiste a recommandé que les troupes devant participer aux opérations de maintien de la paix « soient désormais bien préparées ».Reconnaissant les graves dégâts humains causés par les deux milices rivales, l’observateur a cependant souligné que les Antibalaka avaient « l’intention de nettoyer la Centrafrique de ses musulmans et de les chasser du pays » alors que « les Séléka n’ont jamais eu l’intention de mener une guerre religieuse ».Il s’est cependant refusé à qualifier d’actes de génocide les exactions perpétrées par les Antibalaka.Intervenant dans le débat, le conseiller spécial du secrétaire général de l’ONU pour la prévention du génocide, le Sénégalais Adama Dieng, a affirmé que les éléments des forces onusiennes impliqués dans ces crimes doivent, eux aussi, répondre de leurs actes.En fin de journée, les participants ont entendu le témoignage d’un prêtre catholique centrafricain qui a relaté comment il avait, au péril de sa vie, sauvé des musulmans menacés de mort par les milices Antibalaka.A l’instar de Peter Bouckaert, le Père Bernard Kinvi a dénoncé l’inaction de la force des Nations unies. « Les Casques bleus sont là, mais ne réagissent pas, ne font rien », a accusé le jeune prêtre, affirmant les avoir souvent appelés au secours en vain alors que des musulmans étaient en danger de mort.Le jeune prêtre, qui a été honoré le mois dernier d’un prix de Human Rights Watch, a indiqué abriter un Imam au presbytère et d’autres musulmans à la paroisse et à son hôpital de Bossemptélé, à 250 kilomètres au nord-ouest de Bangui.ER