Pendant une période de 36 heures ayant débuté le 30 octobre 2014, les troupes soudanaises ont mené des attaques contre des civils dans la ville de Tabit au Nord du Darfour, selon ce rapport. Au moins 221 femmes et filles ont été violées à Tabit, dont des enfants de moins de 15 ans.
« Les attaques ont compris des viols massifs de femmes et jeunes filles ainsi que la détention arbitraire et les mauvais traitements infligés à un grand nombre de personnes », dit Human Rights Watch. « Le gouvernement soudanais a nié que des crimes aient été commis et a interdit à la force hybride Nations Unies Union Africaine (African Union-United Nations Hybrid Operation in Darfur, UNAMID) de mener une enquête crédible sur les incidents”.
La ville de Tabit est peuplée majoritairement de membres de l'ethnie Four et a été ces dernières années sous le contrôle de groupes armés rebelles. Toutefois, Human Rights Watch n'a trouvé aucun indice prouvant que des combattants rebelles se trouvaient dans la ville ou aux alentours au moment des attaques.« Avec l'attaque délibérée perpétrée contre Tabit et les viols massifs des femmes et des filles de cette ville, un nouveau seuil d’horreur a été franchi dans la série des atrocités commises au Darfour », a déclaré Daniel Bekele, directeur de la division Afrique à Human Rights Watch.
L'ONG demande à l'ONU et Union Africaine de « prendre des mesures urgentes pour protéger les civils dans les villes d'attaques et d'abus futurs ».
Human Rights Watch a aussi exhorté la Cour pénale internationale (CPI) à enquêter sur cet incident. La CPI a déjà émis des mandats d’arrêt contre cinq personnes, dont le président soudanais Omar el-Béchir, pour crimes de guerre, crimes contre l'humanité et génocide, liés aux atrocités commises au Darfour, mais le Soudan a refusé de coopérer avec la CPI et a entravé ses efforts. La Procureure de la CPI a déclaré en décembre 2014 au Conseil de sécurité des Nations Unies qu'elle avait besoin d'un appui plus vigoureux de la part du Conseil pour faire face au manque de coopération du Soudan. Le Conseil a saisi la CPI de la situation au Darfour en 2005.
« Le Soudan a fait tout son possible pour dissimuler les crimes horribles commis par ses militaires à Tabit, mais les survivants ont courageusement choisi de témoigner », a affirmé Daniel Bekele. « Le Conseil de sécurité de l'ONU et l'UA devraient exiger que le Soudan cesse ces attaques, prendre sans tarder des mesures pour protéger les habitants de Tabit et mener une enquête crédible. »
JC/FS