Pour l’occasion, cet ex- commandant de l’Armée de résistance du Seigneur (LRA) a troqué son treillis contre un costume sombre, une chemise blanche et une cravate à carreaux gris. Mains croisées sur le ventre, il raconte avoir « été enlevé en 1988 », puis « emmené dans la brousse quand j’avais 14 ans. Et je voudrais vous remercier de vous voir et de vous rencontrer », dit-il d’une voix lente à la juge bulgare, Ekaterina Trendafilova.Né en 1975, enfant-soldat à 14 ans, Dominic Ongwen grimpera rapidement les échelons du groupe armé de Joseph Kony, fondé en 1987 dans le nord de l’Ouganda contre le pouvoir de Kampala. Est-il victime ou bourreau ? Une question que semble déjà poser son avocate, Hélène Cissé. Demandant aux juges que tous les documents de l’affaire soient traduits en Luo ou en Acholli, les seules langues que parle le suspect, elle rappelle qu’il lui a été « dénié toute éducation », qu’ « il a été forcé de rester pendant plus de 20 ans dans la brousse ».Dominic Ongwen est suspecté de crimes contre l’humanité et crimes de guerre pour meurtres, actes inhumains, traitements cruels, attaques contre des civils, pillages et réduction en esclavage. Il est alors commandant de la brigade Sinia, et placé sous les ordres directs de Joseph Kony.Jusqu’à l’arrestation de Dominic Ongwen, l’enquête du procureur avait été mise « en sommeil ». La juge a donc décidé de laisser du temps à l’accusation en planifiant les audiences de confirmation des charges au 24 août. Emis en 2005, les mandats d’arrêt contre la LRA avait entravé les négociations de paix entre la milice et Kampala. En 2006, l’Armée de résistance du Seigneur s’était finalement dispersée dans le sud du Soudan, dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC) et en Centrafrique. Mais malgré les demandes des ONG, le procureur ne devrait pas le poursuivre pour d’autres crimes, commis notamment en Centrafrique.En Ouganda, beaucoup de voix s’élèvent pour que Dominic Ongwen puisse bénéficier du pardon en échange de ces aveux, comme les milliers de soldats de la LRA qui, depuis près de 10 ans, ont accepté de déposer les armes et se rendre. Pour l’instant, le milicien n’a pas dit s’il plaiderait « coupable » ou non des crimes reprochés. Il faudra d’abord que les juges confirment ou non les charges portées contre lui. Une procédure qui pourrait prendre au moins un an.Sur les quatre autres responsables poursuivis par la Cour, deux seraient décédés et deux autres sont toujours en fuite, dont le chef, Joseph Kony.SM/FS/ER