Le gouvernement rwandais a affirmé que la procédure d’extradition, qui avait été lancée en juin dernier en Grande Bretagne contre son chef des services de renseignements, était « loin d’être une quête de justice ».
La justice britannique a annoncé lundi avoir abandonné cette procédure qui avait été initiée contre le général Karenzi Karake à la demande de l'Espagne.
Selon les autorités rwandaises, le mandat d’arrêt espagnol constituait « plutôt une déformation de la récente histoire tragique du Rwanda et un affront pour une Nation entière, son peuple et son gouvernement ».
« Pour le Rwanda, cette mise en accusation est un travesti de justice », poursuit le gouvernement rwandais, dans un communiqué en anglais.
La justice espagnole, à l’origine de cette procédure qui vient d’être abandonnée, « déforme les faits établis, invente des massacres de masse et rejette la responsabilité des malheurs du Rwanda sur le gouvernement du Rwanda qui a arrêté le génocide au lieu de viser ceux qui l’ont perpétré », selon le texte.
L’abandon de la procédure d’extradition contre le général rwandais a été annoncé lundi par un porte-parole du tribunal de Westminster Magistrate, à Londres.
« Après un examen attentif, nous ne pensons pas qu'une extradition peut être prononcée en regard des faits reprochés, selon la loi britannique », ont confirmé les services du Procureur de la Couronne (CPS) dans un communiqué.
De son côté, le cabinet d'avocats Omnia, qui assure la défense du général Karake, a affirmé dans un communiqué que le chef des services secrets rwandais avait été « libéré sans condition après que les autorités espagnoles ont concédé qu'il n'avait commis aucun crime susceptible de poursuite en Angleterre et en Espagne ».
Mais, selon une source judiciaire espagnole, c'est « le juge (britannique qui) a estimé que le Royaume-Uni n'était pas compétent pour examiner ce genre de crimes commis hors du territoire britannique », confirmant le communiqué du CPS.
Le général Karenzi Karake, personnalité clé du régime rwandais, avait été arrêté le 20 juin à l'aéroport de Heathrow à Londres, à la demande de l'Espagne qui l'accuse de « crimes de terrorisme » en lien avec la mort ou la disparition de neuf Espagnols au Rwanda, dont trois travailleurs humanitaires de Médecins du Monde.
Il avait été libéré sous caution quelques jours plus tard, avec obligation de se présenter une fois par jour à la police, dans l'attente d'une décision sur le fond.
Selon l'acte d'accusation espagnol, le général Karake aurait « eu connaissance et approuvé le massacre de civils entre 1994 et 1997 dans les villes (rwandaises) de Ruhengeri, Gisenyi et Cyangugu, y compris la mort de trois travailleurs humanitaires espagnols ».
« Le Rwanda considère ce mandat d’arrêt comme une tactique dans la campagne politique menée par ceux qui nient le génocide (des Tutsis) de 1994 et reste convaincu » que le général avait été arrêté « en violation de son immunité diplomatique », indique Kigali dans son communiqué.
« Nous sommes enchantés aujourd’hui que le général soit enfin libre de rejoindre sa famille, ses amis et ses compatriotes au Rwanda pour reprendre ses importantes fonctions », ajoute le texte.
Au lendemain de l’arrestation du général, le président rwandais Paul Kagame avait vivement dénoncé « l'arrogance absolue et le mépris » de l'Occident.
Lundi, sur sa page facebook, il a affirmé : « La vérité reste toujours la vérité ; cela peut prendre du temps mais elle finit toujours par se manifester ».