Le gouvernement syrien commet des "crimes de guerre" contre les habitants de la Ghouta orientale, une région rebelle assiégée près de Damas, où les bombardements intenses aggravent les souffrances des civils, dénonce Amnesty International.
Quelque 163.000 personnes en état de siège "luttent pour survivre" dans cette région, souligne l'organisation des droits de l'Homme dans un nouveau rapport publié mercredi. Le même jour, , l'Observatoire syrien des droits de l'Homme a accusé le régime d'avoir tué au moins 31 civils dans des raids de l'armée de l'air syrienne sur la Ghouta orientale
Le ministère de l'Intérieur, cité par la télévision officielle, a indiqué que quatre personnes, dont une femme, avaient été tuées et 58 blessées mercredi à Damas par des tirs de roquettes provenant de secteurs rebelles autour de la capitale.
L’OSDH, une ONG basée en Grande-Bretagne qui dispose d'un large réseau de sources à travers la Syrie, a indiqué pour sa part que plus de 50 projectiles avaient été tirés sur plusieurs quartiers du centre de la capitale faisant au moins un mort et 20 blessés, dont certains grièvement touchés.
Amnesty dénonce également les "violations" commises dans cette zone par le groupe rebelle, "l'Armée de l'islam".
Ce groupe est coupable de privations des civils d'accès à la nourriture, d'enlèvements, de détentions arbitraires et de bombardements aveugles.
La Ghouta orientale, à l'est de la capitale syrienne, est soumise depuis près de deux ans à un siège imposé par les forces gouvernementales qu'elles ont renforcé ces derniers mois.
Les restrictions ont aggravé la situation humanitaires avec des accès limités à la nourriture et à l'eau potable, dans ce bastion de l'opposition à l'est de Damas.
En plus des restrictions, la Ghouta orientale subit régulièrement des bombardements aériens du régime.
"La vie quotidienne est devenue pour beaucoup une longue succession de difficultés et de souffrances", a affirmé Saïd Boumedouha, directeur adjoint du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord à Amnesty International.
"En bombardant de manière répétée des zones fortement peuplées dans une série d'attaques directes, aveugles et disproportionnées et en assiégeant illégalement des civils, les forces gouvernementales syriennes ont commis des crimes de guerre et font preuve d'un mépris effroyable pour la vie des civils dans la Ghouta orientale", a poursuivi Boumedouha.
Entre janvier et juin 2015, Amnesty a répertorié au moins 60 attaques menées par le régime qui ont tué quelque 500 civils.
"Le moment et le lieu de ces attaques semblent délibérément choisis pour occasionner un maximum de dommages ou de pertes civiles. Les forces du gouvernement syrien tentent de plonger la population dans la terreur", indique Saïd Boumedouha.
Le rapport décrit les effets du siège sur cette région et accuse le gouvernement syrien d'utiliser "la famine comme arme de guerre".
Amnesty critique aussi "l'Armée de l'islam", une puissante milice de la rébellion dans la Ghouta orientale.
Selon le rapport, les habitants accusent le groupe de leur interdire l'accès à la nourriture et d'être derrière les enlèvements et les détentions arbitraires.
"Les violations généralisées du gouvernement syrien n'excusent pas le comportement déplorable de l'Armée de l'Islam qui a également mené des attaques sans discrimination, n'a pas protégé les civils et les a privés d'accès à la nourriture et aux soins médicaux", indique le rapport.
"Les civils de la Ghouta orientale sont essentiellement pris entre deux parties hostiles intéressées par leur seul profit", dit-il.
Amnesty a renouvelé ses appels à autoriser un accès humanitaire sans entrave en Syrie, et à la Cour pénale internationale (CPI) de se saisir du dossier.
Plus de 240.000 personnes ont été tuées en Syrie depuis le début du conflit en mars 2011, selon le dernier bilan de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).