L'ancien dictateur du Guatemala Efrain Rios Montt souffre de démence, selon des expertises médicales présentées mardi devant la justice, ce qui pourrait lui permettre d'échapper à son procès pour génocide.
Les experts sont parvenus "à la conclusion que le patient souffre d'une démence vasculaire mixte", a indiqué le Dr Walter Rinze en présentant le premier de trois rapports médicaux au tribunal qui juge M. Rios Montt, 89 ans, pour le massacre sous son régime (1982-1983) de plus de 1.700 indiens accusés de soutenir des guérillas de gauche.
Déjà jugé en 2013 pour génocide, une première pour un ancien dirigeant latino-américain, il avait été condamné à 80 ans de prison mais la procédure avait été annulée par la Cour constitutionnelle pour vices de forme, et celle-ci avait ordonné la tenue d'un nouveau procès.
Après plusieurs reports, celui-ci a débuté le 23 juillet, mais la défense de l'ancien général, placé en résidence surveillée en raison de son âge, a présenté un certificat médical établissant que son état mental ne lui permettait pas d'assister à son jugement.
L'accusation et les parties civiles ont alors demandé de nouvelles expertises.
M. Rios Montt a ainsi été admis sur décision des juges dans une clinique psychiatrique du 4 au 11 août, afin de subir de nouveaux examens médicaux sur lesquels le tribunal doit s'appuyer pour décider de la suite du procès.
Mardi, l'accusé était absent à l'audience pour raisons de santé et a été représenté par ses avocats.
Selon le Dr Rinze, de l'hôpital psychiatrique national Federico Mora, la démence dont souffre l'ex-dictateur est associée à des problèmes cardiaques ayant provoqué des dommages cérébraux.
D'après ce médecin, M. Rios Montt alterne les périodes de lucidité et de trouble, présentant notamment des hallucinations. Il souffre également de problèmes vertébraux, auditifs et visuels.
Les autres expertises vont dans le même sens.
M. Rios Montt est poursuivi au côté de son ancien chef du renseignement, José Rodriguez. Sa période au pouvoir est considérée comme l'une des plus violentes de la guerre civile qui a ravagé le Guatemala de 1960 à 1996 et qui a fait selon l'ONU 200.000 morts et disparus.