Le gouvernement égyptien, régulièrement accusé par les organisations de défense des droits de l'Homme de réprimer dans le sang toute opposition, s'est insurgé mercredi contre de nouvelles critiques visant une nouvelle loi antiterroriste qualifiée de "liberticide" par ses détracteurs.
Depuis qu'il a destitué en juillet 2013 le président islamiste élu Mohamed Morsi, l'ex-chef de l'armée Abdel Fattah al-Sissi, élu chef de l'Etat un an plus tard, mène une répression implacable contre toute opposition, islamiste comme laïque et libérale.
Samedi, il a édicté --en l'absence d'un Parlement faute d'élections législatives-- une nouvelle loi antiterroriste qui renforce un arsenal policier et judiciaire déjà très répressif. Ce texte prévoit notamment la peine de mort pour qui est soupçonné d'avoir "créé ou financé" une organisation terroriste, et d'emprisonnement très lourde pour ceux qui en feraient l'apologie.
Elle protège également les policiers de poursuites judiciaires en cas de recours excessif à la force.
Depuis 2013, plus de 1.400 manifestants pro-Morsi ont été tués dans la rue --dont plus de la moitié en quelques heures le 14 août 2013 au centre du Caire--, plus de 15.000 ont été emprisonnés et des centaines condamnés à mort dans des procès de masse expéditifs qualifiés par l'ONU de "sans précédent dans l'Histoire récente de l'Humanité".
Dans le même temps, des centaines de policiers et soldats, selon le Caire, ont été tués dans des attentats revendiqués pour la plupart par la branche égyptienne de l'Etat islamique (EI).
"L'Egypte ne commente jamais les lois d'autres pays en matière de lutte contre le terrorisme considérées par nombre de leurs propres concitoyens comme restreignant les libertés", a réagi mercredi le ministère égyptien des Affaires étrangères dans un communiqué.
Il réagissait à un commentaire de Washington mardi et de Human Rights Watch (HRW) mercredi.
Le département d'Etat américain s'est dit "inquiet que certaines mesures de la nouvelle loi antiterroriste égyptienne puissent avoir un effet néfaste sur les droits de l'Homme et les libertés fondamentales", et l'organisation internationale a dénoncé des peines très lourdes, y compris de mort, "pour une définition du terrorisme qui est si vague qu'elle pourrait englober des actes de désobéissance civile".
Lors du deuxième anniversaire vendredi du dispersement sanglant d'une manifestation pro-Morsi le 14 août 2013 au centre du Caire, qui avait fait plus de 800 morts en quelques heures selon elle, HRW avait déjà parlé de "ce qui pourrait avoir été la pire tuerie de manifestants en une seule journée dans l'histoire moderne" et de "probable crime contre l'Humanité".