CPI/Kenya: la procureure autorisée à utiliser des "anciens témoignagnes"

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La Cour pénale internationale a autorisé mercredi la procureure à utiliser les dépositions de témoins recueillies avant leurs rétractations dans le procès contre le vice-président kényan William Ruto, marqué par des allégations de menaces et intimidations.

"La chambre estime que l'admission de témoignages enregistrés précédemment (...) est dans l'intérêt de la justice", ont indiqué les juges dans une décision rendue publique, acceptant les anciennes déclarations pour cinq témoins.

Cette décision novatrice, qui pourrait faire jurisprudence, a été prise en vertu d'un article du règlement de la CPI autorisant, dans certains cas, l'utilisation de tels témoignages.

William Ruto, premier haut dirigeant en fonction à être jugé par la CPI, est accusé d'avoir orchestré certaines des violences post-électorales ayant déchiré le Kenya fin 2007-début 2008 et ayant fait plus de 1.200 morts et 600.000 déplacés.

Confrontée à des témoins se rétractant ou modifiant leur déposition en faveur des accusés, la procureure avait demandé en avril l'autorisation d'utiliser des déclarations des témoins recueillies par son équipe avant que ceux-ci "ne succombent aux influences irrégulières".

Selon l'accusation, pas moins de 16 des 42 témoins ont cessé de coopérer, évoquant des menaces, des intimidations ou la peur de représailles.

"La chambre note la caractère systématique de l'interférence auprès de plusieurs témoins dans cette affaire, ce qui donne l'impression d'une tentative de viser méthodiquement des témoins", ont indiqué les juges dans leur décision.

"L'accusation n'affirme pas que les accusés sont impliqués dans les interférences alléguées, mais que ces actes ont été commis par d'autres dans leur intérêt", ont toutefois nuancé les juges.

M. Ruto et son co-accusé, le présentateur de radio Joshua Arap Sang, nient toute responsabilité dans les violences, les pires de l'histoire post-coloniale du Kenya. Les deux hommes comparaissent libres.

Le procureur désirait également poursuivre le président kényan Uhuru Kenyatta mais avait du renoncer en décembre, faute de preuves suffisantes.