Mauritanie: confirmation de la peine de deux ans ferme contre trois militants anti-esclavagistes

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Une cour mauritanienne a confirmé jeudi en appel la peine de deux ans de prison ferme prononcée en janvier contre trois militants anti-esclavagistes pour "appartenance à une organisation non reconnue", ont indiqué à l'AFP une source judiciaire et un avocat des prévenus.

La Cour d'appel d'Aleg (centre de la Mauritanie), qui a examiné le recours des trois prévenus, "a confirmé les peines de deux ans de prison ferme" à leur encontre, a affirmé à l'AFP la source judiciaire jointe dans cette ville à environ 250 km de Nouakchott, la capitale.

La décision de la Cour d'appel d'Aleg a été confirmée par Me Brahim Ould Ebetty, chef du collectif des avocats des prévenus, qui l'a assimilée à "un recul des libertés" en Mauritanie.

Les condamnés sont Biram Ould Dah Ould Abeid, président de l'Initiative pour la résurgence du mouvement abolitionniste (IRA), une ONG anti-esclavagiste, son adjoint Brahim Ould Bilal, ainsi que Djiby Sow, président d'une ONG qui lutte pour les droits culturels.

Biram Ould Dah Ould Abeid a été candidat au scrutin présidentiel de juin 2014 face à Mohamed Ould Abdel Aziz, qui a été réélu.

Le parquet avait demandé la confirmation de la peine de deux ans ferme. L'audience s'est tenue en l'absence des trois prévenus. Biram Ould Dah Ould et Brahim Ould Bilal ont refusé de comparaître devant la Cour d'appel d'Aleg.

Ils avaient demandé à leurs avocats de boycotter l'audience pour exiger un procès devant leur "juge naturel", le tribunal correctionnel de Rosso (sud) qui les avait condamnés en janvier.

M. Sow, jugé, condamné à Rosso et conduit à Aleg en même temps que MM. Ould Abeid et Ould Bilal, avait ensuite été transféré à la prison de Nouakchott pour des soins intensifs. Il a bénéficié en juin d'une mesure de liberté provisoire pour raison de santé, selon sa famille.

"C'est un recul des libertés dans notre pays, une démonstration de la soumission des autorités judiciaires aux injonctions de l'exécutif", a déclaré Me Brahim Ould Ebetty.

"La parodie de justice ainsi montée a condamné les abolitionnistes à un moment où une nouvelle loi fait de l'esclavage un crime contre l'humanité", a-t-il ajouté, en référence à un nouveau texte adopté le 11 août par le Parlement.

Aux termes de la nouvelle loi, qui remplace un texte de 2007, les peines maximales encourues pour pratiques de l'esclavage passent à 20 ans de prison ferme assorties d'amendes, contre cinq à dix ans auparavant.

Officiellement, l'esclavage a été aboli en 1981 en Mauritanie mais le phénomène perdure néanmoins, selon des ONG.