L'ex-chef de milice congolais Thomas Lubanga, condamné à 14 ans de prison pour crimes de guerre dans l'est de la RDC, a demandé une libération anticipée vendredi à la Cour pénale internationale, niant avoir exercé des pressions sur des témoins dans un autre procès.
"A ce stade, c'est avec beaucoup d'émotion que je pense à ma famille et mes enfants", a déclaré M. Lubanga lors d'une audience publique devant la CPI, qui siège à La Haye, après avoir purgé les deux tiers de sa peine.
M. Lubanga avait été transféré au centre de détention de la CPI en mars 2006, et avait été condamné en 2012 pour l'enrôlement d'enfants soldats en Ituri, province orientale de RDC riche en ressources comme l'or, lors de violences en 2002-2003.
Sa peine de 14 ans de prison avait été confirmée en appel.
Le temps passé en détention avant la condamnation étant déduit de la peine, l'ex-chef rebelle en a purgé deux tiers. Or, les statuts de la CPI prévoient que lorsqu'un accusé "a purgé les deux tiers de sa peine (...), la Cour réexamine la peine pour déterminer s'il y a lieu de la réduire".
Le procureur a pour sa part recommandé le maintien en détention, assurant que M. Lubanga n'avait pas du tout coopéré avec la Cour pendant son procès, et surtout, a dit avoir des motifs de croire qu'il exerce, depuis sa prison de La Haye, des pressions sur des témoins dans un autre procès de la CPI, celui de l'ex-chef de guerre Bosco Ntaganda.
Le procès de M. Ntaganda doit s'ouvrir le 2 septembre.
"A aucun moment je n'ai eu des contacts inappropriés avec qui que ce soit", a rétorqué Thomas Lubanga.
Evoquant les violences qui déchirent l'Ituri, M. Lubanga a dit : "je souhaite sincèrement me rendre utile à tous ceux qui ont souffert, et je suis à prêt à y consacrer, le moment venu, ma liberté retrouvée".
L'ancien chef de l'Union des patriotes congolais (UPC) dit vouloir reprendre des études de psychologie à l'université de Kisangani.
Recommandant la libération anticipée, la défense de M. Lubanga a affirmé que ce dernier avait coopéré avec la CPI tout au long de son procès, et souligné que "sauf exception, les condamnés sont systématiquement libérés aux deux tiers de leur peine" en justice internationale.
La condamnation de Thomas Lubanga avait été la première de la CPI, entrée en fonction en 2003.