Hollande: "La seule dette" à régler pour l'esclavage est "de faire avancer l'humanité"

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La "seule dette qui doit être réglée" aux descendants d'esclaves est de "faire avancer l'humanité", a déclaré François Hollande à Pointe-à-Pitre, restant ferme sur son refus d'une indemnisation financière.

Le président de la République, inaugurant le Mémorial ACTe consacré à l'esclavage, s'est insurgé, comme il l'avait fait la veille en Martinique, contre les "nouveaux négriers" tels ceux qui oeuvrent en Méditerranée pour faire passer des migrants. Mais il a écarté tout amalgame entre l'esclavage passé, système légal, et les formes présentes d'esclavage, condamnées par les institutions internationales.

"La seule dette qui doit être réglée, c'est de faire avancer l'humanité. C'est ce que ce Mémorial (ACTe) nous rappelle", a déclaré le président de la République, devant ce grand centre caribéen d'expressions et de mémoire de l'esclavage, en présence d'une trentaine de dirigeants africains et caribéens.

S'adressant directement au président haïtien Michel Martelly, chez qui il se rendra mardi pour la première visite officielle d'un chef d'Etat français depuis l'indépendance, M. Hollande a dit sa "fierté" de le voir participer à ce 10 mai un peu particulier.

Il a souligné "l'exceptionnel combat pour la liberté d'Haïti", "première colonie libre, première République noire ayant fait échec au rétablissement de l'esclavage" par Napoléon en 1802.

Haïti a dû verser une "rançon d'indépendance" à la France jusqu'au milieu du XXe siècle. "Eh bien, quand je viendrai à Haïti, j'acquitterai à mon tour la dette que nous avons", a-t-il affirmé, chaudement applaudi. Son entourage a précisé à l'AFP qu'il s'agissait bien d'une "dette morale".

Le Mémorial ACTe a vocation, "en évoquant le passé, de prévenir les fléaux qui menacent" et notamment "le poison du racisme", érigé en grande cause nationale en 2015 en France, a souligné le président français.

Il a aussi rappelé les étapes qui ont jalonné le travail de mémoire et de prévention dans le pays: loi Taubira en 2001 sur la reconnaissance de la traite et de l'esclavage comme crime contre l'humanité; loi de 2013, qui introduit dans le code pénal la définition de la traite, de l'esclavage, et de la servitude. Le nombre de condamnations est passé de "presque rien en 2006 à 150 aujourd'hui", a-t-il précisé.

"La France toute entière est engagée dans cette reconnaissance au-delà des sensibilités, des philosophies. La France est capable de regarder son histoire, parce que la France est un grand pays qui n'a peur de rien et surtout pas d'elle même", a affirmé François Hollande.

Il a consacré un long passage de son discours (dont Mme Taubira avait écrit la trame), à l'histoire souvent occultée des actes de créativité, des révoltes, des rébellions des esclaves qui ont finalement pris "leur part dans leur libération".