Des dizaines de personnes ont été tuées lundi dans des affrontements tribaux au Darfour, région soudanaise en proie aux violences depuis plus de 10 ans, a indiqué un homme politique à l'AFP.
Les combats ont éclaté dans la matinée entre les tribus Rezeigat et Maaliya près de la zone d'Abou Karinka, dans la province du Darfour oriental.
"Les Rezeigat ont tué 60 personnes dans leur assaut sur les Maaliya, et ils ont perdu 36 de leurs hommes", a précisé Hamdan Tirab, parlementaire de la région d'Abou Karinka, joint par téléphone, faisant aussi état "de nombreux blessés".
L'accès au Darfour étant extrêmement limité par les autorités, il est impossible de vérifier ces bilans.
Les combats "ont éclaté vers 11H00 (09H00 GMT) et se sont poursuivi jusqu'au crépuscule, et des armes lourdes ainsi que des véhicules du gouvernement ont été utilisés", selon M. Tirab.
Ces violences interviennent dans un climat très tendu entre ces deux tribus, sur fond de désaccord territorial et d'allégations de vol de bétail.
En février, une conférence de paix entre ces tribus, à l'initiative du gouvernement, n'avait abouti à rien.
Azraq Hassan Humeida, chef des jeunes de la tribu Maaliya, a affirmé à l'AFP par téléphone que les Rezeigat avaient attaqué "en usant de toute sorte d'armes lourdes, dont des lance-roquettes".
Des membres de tribus se rassemblent depuis trois jours dans la zone d'Abou Karinka, a expliqué Musa Hamed, un habitant de la région.
Les Nations unies se sont alarmées lundi de la situation.
"Je suis très inquiet de cette reprise des combats", a déclaré dans un communiqué Geert Cappalaere, coordinateur humanitaire pour le Soudan par intérim.
"J'appelle toutes les parties à arrêter de se battre immédiatement, pour éviter une prochaine escalade, et à soutenir les efforts de la médiation pour résoudre les causes de ce conflit", a ajouté le responsable onusien.
Le Darfour, une région grande comme la France, est déchiré par les violences depuis 2003, lorsque des rebelles ont pris les armes pour dénoncer ce qu'ils considèrent comme une domination des élites arabes dominant le gouvernement du président Omar el-Béchir, au pouvoir depuis un coup d'Etat en 1989.
Depuis, plus de 300.000 personnes sont mortes et 2,5 millions ont du fuir leurs foyers, selon l'ONU. Et M. Béchir est réclamé par la Cour pénale internationale pour crime de guerre au Darfour.
A l'insurrection s'ajoutent des différends locaux pour le contrôle des ressources, qui accentuent encore l'instabilité de la région.