Le procès de l'ex-chef de guerre Bosco Ntaganda, accusé de crimes contre l'humanité en République démocratique du Congo et notamment d'avoir violé des enfants soldats, s'ouvrira mercredi devant la Cour pénale internationale (CPI).
Le juge Robert Fremr présidera l'audience à partir de 09H30 (07h30 GMT) mercredi matin à La Haye, où siège la Cour.
La procureure Fatou Bensouda prendra la parole la première avant que les avocats de M. Ntganda, puis ceux de quelque 2.149 victimes ne prononcent également leurs déclarations liminaires.
L'ancien rebelle de 41 ans, surnommé "Terminator" et qui a un goût prononcé pour les fines moustaches, les chapeaux de cow-boy et la bonne chère, doit répondre de 13 chefs d'accusations pour crimes de guerre et de cinq pour crimes contre l'humanité.
Il plaide non coupable.
- 'Procès très significatif' -
Selon l'accusation, Bosco Ntaganda a joué, avec ses troupes des Forces patriotiques pour la libération du Congo (FPLC), un rôle central au cours des violences ethniques et des attaques menées contre les civils en Ituri, dans le nord-est du Congo, en 2002 et 2003.
Selon les ONG, ce conflit a coûté la vie à plus de 60.000 personnes.
Lors de l'audience destinée à établir si un procès devait avoir lieu, il y a un an, les procureurs de la CPI avaient accusé l'ancien chef de milice d'avoir violé des enfants soldats et réduit en esclavage sexuel des femmes de la région.
Une enfant soldat, citée en exemple par Mme Bensouda, aurait ainsi reçu 150 coups de fouet et aurait été violée - une punition dont les blessures physiques mettront plus d'un mois à guérir.
"Ce procès est très significatif car c'est la première fois en droit pénal international qu'une charge de viol et d'esclavage sexuel, commis contre des enfants dans sa propre milice, est retenue contre un ancien chef", a affirmé dans un communiqué Brigid Inder, de l'ONG Women's Initiatives for Gender Justice.
- Terrifiant seigneur de guerre -
Général dans l'armée congolaise de 2007 à 2012, Bosco Ntaganda était à une époque le fugitif le plus recherché dans la région des Grands Lacs jusqu'à ce qu'il se rende, de manière inopinée, à l'ambassade américaine de Kigali, au Rwanda, en mars 2013, pour demander son transfert à la CPI.
Du génocide des Tutsis au Rwanda (1994) à la dernière rébellion du Mouvement du 23 mars (M23) dans l'Est de la RDC, cet aventurier opportuniste aura été de toutes les guerres qui ont déchiré la région, entraînant des violences inouïes sur les civils.
Grand, de corpulence moyenne, teint clair, imbu de lui-même, Ntaganda est réputé, partout où il est passé, pour avoir la "gâchette facile". Il a été surnommé "Terminator", "Maréchal" ou encore "Tango Roméo".
Deux mandats d'arrêts ont été émis à son encontre par la CPI: un premier en 2006 et un deuxième, avec des accusations supplémentaires, en 2012.
Le "Terminator" est notamment poursuivi pour son rôle dans des attaques de plusieurs villes de l'Ituri sur une période d'un an, à partir de septembre 2002. Le FPLC, milice à prédominance Hema, visait ceux perçus comme appartenant aux ethnies Lendu, Bira et Nande.
Les procureurs l'accusent d'avoir mené une attaque contre la ville minière de Mongbwalu qui dura six jours et coûta la vie à 200 villageois. Il y aurait personnellement assassiné un prêtre de plusieurs coups de pistolet dans la tête.
Le procès de Bosco Ntaganda est le quatrième procès "congolais" de la CPI, qui avait fait des violences en RDC sa première enquête en 2004.