La procureure de la Cour pénale internationale Fatou Bensouda a affirmé mardi que cette institution était a priori compétente pour juger des exactions commises en Libye par le groupe jihadiste Etat islamique.
"Mes services considèrent que la juridiction de la CPI sur la Libye s'étend de prime abord à de tels crimes présumés", a déclaré Mme Bensouda devant le Conseil de sécurité de l'ONU.
Celui-ci a saisi la Cour de la situation en Libye par sa résolution 1970 de février 2011. La CPI est compétente pour juger les crimes de guerre et crimes contre l'humanité.
Mme Bensouda a souligné que le Conseil "avait appelé à rendre justice pour les actes de violence contre les civils" commis par les jihadistes se réclamant de l'EI.
Elle a cependant rappelé qu'il "revient en premier lieu aux Etats de poursuivre leurs ressortissants" qui ont rejoint les rangs de l'EI.
Le groupe Etat islamique, qui s'est implanté en Libye en profitant du chaos ambiant, a notamment revendiqué la décapitation de 21 chrétiens coptes, pour la plupart égyptiens, en février, et de 28 chrétiens éthiopiens en avril.
Tout en affirmant que des crimes de guerre sont probablement commis en Libye depuis la chute de Mouammar Kadhafi, la CPI s'est pour l'instant concentrée sur des poursuites contre les complices de l'ancien dictateur, dont son fils Seif al-Islam.
Mme Bensouda a réaffirmé mardi devant le Conseil que la CPI "envisageait activement de lancer des enquêtes et des poursuites sur d'autres cas" afin de "contribuer à mettre fin à l'impunité en Libye", mais elle n'a pas annoncé de nouvelles procédures.
Elle a fait état d'accusations portant sur "des attaques aveugles menées dans des zones très peuplées" par des milices libyennes, notamment à Tripoli et Benghazi.
Pour Richard Dicker, de Human Rights Watch, "les autorités libyennes étant incapables de lutter contre les exactions, et encore moins d'en poursuivre les coupables, il est temps pour la procureure de la CPI d'étendre ses enquêtes".
"Se concentrer sur les responsables de l'ère Kadhafi ne suffit plus" et sanctionner les crimes actuels en Libye "est essentiel pour instaurer une paix durable", a-t-il affirmé.