La parole est à la défense jeudi dans le procès de la Cour pénale internationale (CPI) contre l'ancien chef de guerre congolais Bosco Ntaganda, qui doit s'exprimer dans la journée pour la première fois depuis sa reddition en 2013.
"Je vais vous raconter l'autre facette du récit que nous avons entendu hier, car c'était bien un récit, Messieurs les juges : tout reste à prouver!", a déclaré l'avocat de la défense, le Canadien Stéphane Bourgon.
Bosco Ntaganda, 41 ans, est accusé de 13 crimes de guerre et cinq crimes contre l'humanité, dont des meurtres, pillages, attaques contre des civils, viols et esclavage sexuel en Ituri, dans le nord-est de la République démocratique du Congo.
L'accusé était chef adjoint de l'état-major général des Forces patriotiques pour la libération du Congo (FPLC), milice à prédominance Hema qui visait, selon l'accusation, les populations perçues comme appartenant aux ethnies Lendu, Bira et Nande.
Il avait plaidé non coupable mercredi lors de la première journée du procès.
"La réalité de ce qu'il s'est passé en 2002-2003 est tout autre", a ajouté M. Bourgon.
La procureure avait détaillé mercredi les accusations retenues contre M. Ntaganda, qui a gardé sa fine moustache emblématique, et notamment évoqué l'organisation "à grand échelle et systématique" de viols sur la population civile et au sein de sa propre milice.
M. Ntaganda est le premier accusé en droit pénal international qui doit répondre de viols et esclavage sexuel commis sur ses propres troupes.
Devenu général dans l'armée congolaise de 2007 à 2012, Bosco Ntaganda était le fugitif le plus recherché dans la région des Grands Lacs jusqu'à ce qu'il se rende, de manière inopinée, à l'ambassade des Etats-Unis à Kigali, au Rwanda, en mars 2013, pour demander son transfert à la CPI.
Même s'il n'est poursuivi que pour les violences en Ituri en 2002 et 2003, Bosco Ntaganda a été de toutes les guerres qui ont déchiré la région, du génocide des Tutsi au Rwanda (1994) à la dernière rébellion du Mouvement du 23 mars (M23).