Le juge pakistanais Ali Nawaz Chowhan qui dirigeait depuis 14 mois le système judiciaire gambien, a été démis de ses fonctions par le président Yahya Jammeh, a appris l'AFP de source judiciaire à Banjul.
Ali Nawaz Chowhan, qui avait pris ses fonctions de "Chief Justice" le 6 mars 2014, a été limogé selon une décision de M. Jammeh mais "nous n'avons aucune idée du motif pour lequel il a été démis", a affirmé cette source judiciaire tard mardi soir.
De même source, le juge nigérian Emmanuel Fagbenle, jusqu'alors président de la Cour d'appel, a été désigné pour assurer son intérim, pour une durée non déterminée.
Jusqu'à mercredi en milieu d'après-midi, aucun commentaire n'a pu être obtenu de source officielle.
Un avocat exerçant à Banjul a cependant qualifié d'"inconstitutionnelle" cette décision du président Jammeh.
La Constitution dispose que le président doit, en consultation avec des acteurs du système judiciaire, "nommer le plus ancien des juges de la Cour suprême comme +Chief Justice+", ce qui n'est pas le cas de M. Fagbenle, non membre de cette institution, a précisé cet avocat à l'AFP sous couvert d'anonymat.
Depuis deux ans, c'est le quatrième changement de "Chief Justice" en Gambie, pays qui fait souvent appel à des juges originaires de pays anglophones pour renforcer son système judiciaire.
M. Chowan, qui a notamment travaillé pendant trois ans au Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY), siégeant à La Haye (Pays-Bas), avait remplacé en mars 2014 le juge Fagbenle.
Le Nigérian avait lui-même été nommé en février 2014 en remplacement de la Ghanéenne Mabel Yamoa Agyemang, la première femme à occuper les fonctions de "Chief justice", puis limogée au bout de six mois.
Porté au pouvoir par un coup d'Etat en 1994 puis élu et réélu depuis lors, Yahya Jammeh dirige d'une main de fer la Gambie, petit Etat anglophone d'Afrique de l'Ouest enclavé dans le territoire du Sénégal, hormis sa façade atlantique.
Il renouvelle régulièrement son administration et gère lui-même plusieurs ministères importants, dont celui de la Défense.
Il est régulièrement accusé d'atteinte aux droits de l'Homme et à la liberté d'expression par des défenseurs des droits humains et de la presse.