Des concours à celui qui tuerait le plus de prisonniers étaient organisés entre gardiens sous les Khmers rouges, a témoigné lundi à Phnom Penh un survivant lors du procès pour génocide des deux adjoints de Pol Pot encore en vie.
Ce procès est consacré au génocide des Vietnamiens et de la minorité musulmane des Chams, aux mariages forcés, viols et autres crimes perpétrés dans plusieurs camps de travail et prisons entre 1975 et 1979.
Après des témoignages d'autodafés de Corans et de noyades collectives organisées, un ex-détenu de 66 ans, Sen Srun, a témoigné des concours au bourreau le plus efficace organisés dans une pagode bouddhiste par des gardes Khmers rouges dont certains n'étaient qu'adolescents.
"Certains faisaient des concours à celui qui tuerait le plus de personnes par heure. L'un d'eux a atteint un record avec 70 personnes tuées en une heure" au Wat Au Trakuon, transformé en camp de détention pour des milliers de personnes, dans la province de Kampong Cham (nord-est). Les femmes étaient mises à nu et violées avant d'être abattues.
Ces concours "étaient répandus", confirme Youk Chhang, directeur du Centre de documentation sur les atrocités des Khmers rouges (DC-CAM), basé à Phnom Penh, évoquant le "lavage de cerveau" auquel étaient soumis les gardes Khmers rouges.
Quelque 20.000 Vietnamiens et entre 100.000 et 500.000 Chams (sur un total de 700.000) ont été tués par le régime de Pol Pot, qui a fait quelque deux millions de morts.
L'idéologue du régime Nuon Chea, 89 ans, et le chef de l'Etat du "Kampuchéa démocratique" Khieu Samphan, 84 ans, comparaissent depuis 2011 pour leurs responsabilités dans les atrocités commises entre 1975 et 1979 au nom d'une utopie marxiste délirante qui prétendait défaire la société de la contrainte de l'argent et bannir la religion.
Les deux hommes assurent ne pas avoir été au courant d'atrocités commises localement selon eux.