Le premier témoin à charge dans le procès de l'ancien chef de guerre congolais Bosco Ntaganda, accusé de crimes contre l'humanité, a commencé à déposer mardi, assurant que les rebelles étaient venus "faire la guerre" dans son village.
Caché à la vue du public et la voix déformée dans le cadre de mesures de protection, le témoin anonyme s'exprimait lentement dans sa langue natale, le kiswahili, souvent effrayé de dévoiler des informations qui permettraient de l'identifier.
Il a raconté aux juges comment les rebelles de l'Union des patriotes congolais (UPC) étaient venus "faire la guerre" dans son village de Mongbwalu, en Ituri, dans le nord-est de la République démocratique du Congo.
M. Ntaganda, 41 ans, est accusé de 13 crimes de guerre et cinq crimes contre l'humanité, dont des meurtres, pillages, attaques contre des civils, viols et esclavage sexuel dans cette région.
L'accusé était chef adjoint de l'état-major général des Forces patriotiques pour la libération du Congo (FPLC), milice à prédominance Hema qui visait, selon l'accusation, les populations perçues comme appartenant aux ethnies Lendu, Bira et Nande.
Les FPLC était le bras armé de l'UPC.
Appelé "Monsieur le témoin" par les juges, l'homme, qui se dit agriculteur, a raconté comment il faisait du commerce en 2002 dans la communauté voisine de Yedi quand les rebelles sont arrivés dans son village.
"J'ai vu les gens fuir et se réfugier vers Yedi", a-t-il assuré, soulignant qu'il avait pu entendre "les balles et le bruit des armes lourdes".
Bosco Ntaganda avait plaidé non coupable au début du mois lors de la première journée du procès, rejetant le surnom de "Terminator" dont il est souvent affublé en raison de sa réputation.
Devenu général dans l'armée congolaise de 2007 à 2012, Bosco Ntaganda était le fugitif le plus recherché dans la région des Grands Lacs jusqu'à ce qu'il se rende, de manière inopinée, à l'ambassade des Etats-Unis à Kigali, au Rwanda, en mars 2013, pour demander son transfert à la CPI.
Les conflits dans le nord-est de la RDC, qui ont impliqué les armées d'au moins six nations africaines dans cette région riche en minerais, ont entraîné des violences inouïes sur les civils, causant la mort de trois millions de personnes, selon les ONG, et créé une instabilité profonde dans l'Est congolais.