Avocats sans frontières et le groupe forestier congolais Siforco ont plaidé mercredi pour que la reprise du procès de bavures policières en 2011 contre des communautés autochtones en Équateur, dans le nord-ouest de la République démocratique du Congo, fasse émerger "la vérité".
La Cour militaire de Mbandaka (700 km au nord-est de Kinshasa) a repris mercredi le procès de six policiers et soldats, tous officiers ou sous-officiers, poursuivis pour crimes contre l'humanité, torture et viols perpétrés le 2 mai 2011 au cours d'une opération des forces de l'ordre à Yalisika dans le nord de la province de l'Équateur.
L'organisation environnementaliste Greenpeace et l'ONG Global Witness ont accusé la Siforco (Société industrielle et forestière du Congo), à l'époque filiale du groupe forestier allemand Danzer, d'avoir fourni un camion et un chauffeur aux agents responsables des violences commises ce jour-là.
Siforco, aujourd'hui filiale du Groupe Blatner Elwyn, présent essentiellement au Congo, dément totalement cette version des faits.
Selon l'entreprise, qui se présente comme le premier producteur de grumes en RDC, l'opération de police a été décidée par les autorités de l'Équateur pour ramener l'ordre après une attaque de villageois contre des installations de Siforco s'étant soldée par la prise en otage d'employés et du vol de matériel.
Le seul fait aujourd'hui reconnu par tous est que la colère des habitants était liée à un différend sur le respect des obligations sociales de l'entreprise vis-à-vis des populations riveraines de sa zone d'exploitation.
Dans un communiqué transmis à l'AFP, Siforco "déplore et dénonce les violences commises [à Yalisika], qui ne sont pas de son fait quand bien même certains de ses véhicules ont été réquisitionnés par les forces de sécurité".
Dénonçant "une campagne de diffamation entretenue par certaines ONG", Siforco, ajoute qu'elle "n'a rien à se reprocher n'ayant pas commandité cette opération de police" et "espère que la justice établira la vérité" afin "de condamner les coupables".
ASF, qui soutient les parties civiles, a publié un communiqué plaidant pour que "le procès se déroule dans des conditions assurant l'établissement de la vérité et l'identification de toutes les responsabilités".
Depuis le début du procès en juin, l'ONG, soutient que "la question du rôle joué" par Siforco dans les violences doit être tirée au clair et cherche à tout prix à obtenir sa "comparution en tant que partie".
En juillet, la Haute Cour militaire de Kinshasa, saisie par Siforco à la suite d'une requête ayant entraîné la suspension du procès, a donné raison à l'entreprise en estimant que celle-ci "ne peut-être +partie au procès+".