Le président Juan Manuel Santos et le numéro un des Farc Timoleon Jimenez, dit "Timochenko", doivent annoncer mercredi à Cuba un accord sur le sort judiciaire des combattants du conflit civil en Colombie, point crucial des pourparlers de paix.
"La paix est arrivée", a annoncé mercredi la rébellion colombienne sur Twitter peu après l'apparition de son chef à La Havane, siège des pourparlers de paix ouverts en novembre 2012.
Avant d'arriver dans la capitale cubaine, M. Santos avait estimé, également sur Twitter, que "la paix (était) proche" avant une "réunion clé" prévue vers 17H00 (21H00 GMT) selon une source de la rébellion.
Selon les autorités cubaines, les deux hommes se rencontrent pour la première fois pour annoncer "d'importants accords sur une juridiction spéciale pour la paix".
Une source de la guérilla a indiqué la présence du président cubain Raul Castro, dont le pays est, avec la Norvège, un des médiateurs du processus de paix en cours.
La justice et le sort réservé aux auteurs de crimes de guerre est un volet capital des pourparlers de paix censés mettre fin à plus d'un demi-siècle de conflit, le plus ancien d'Amérique latine et le dernier encore en cours sur le continent.
"La justice est le noeud des négociations de paix", a rappelé la présidence colombienne dans un communiqué mercredi matin, insistant sur le fait qu'un accord sur ce thème constitue "un point de non-retour" vers la paix.
Pour Jorge Restrepo, directeur du centre d'études spécialisé dans le conflit colombien (Cerac), un tel accord "marquerait la fin de la phase de conflit et l'entrée dans la phase de transition vers le post-conflit".
Le 11 septembre, le numéro deux des Farc Ivan Marquez avait assuré que les parties se trouvaient "aux portes" d'un accord sur ce thème, même si elles s'accusent d'atrocités dans ce conflit qui a fait officiellement quelque 220.000 morts.
- Les mots du pape François -
Le président colombien, qui n'a pas précisé la durée de son séjour - il est ensuite attendu à New York pour l'Assemblée générale de l'ONU - ne s'était jamais rendu à la table des négociations de La Havane depuis le début des pourparlers de paix il y a près de trois ans.
C'est aussi la première fois depuis 14 ans qu'un président colombien rencontre le plus haut dirigeant des Farc.
Timoleon Jimenez "Timochenko", dont le vrai nom est Rodrigo Londonio Echeverri, 56 ans, se serait déjà rendu à Cuba cet été pour rencontrer les négociateurs, malgré la centaine de mandats d'arrêt émis contre lui.
Recherché pour homicide aggravé, terrorisme, enlèvement et rébellion, il dirige les Farc depuis 2011.
A ce jour, les négociations ont permis de régler trois des six points figurant à l'ordre du jour, mais la question la plus épineuse demeurait celle de la "justice transitionnelle" pour les rebelles démobilisés.
Les Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc, marxistes), la plus importante guérilla du pays avec 7.000 combattants, refusaient jusqu'à présent un accord impliquant de la prison pour ses guérilleros. De son côté le gouvernement se disait opposé à toute impunité.
Une sous-commission juridique paritaire a été chargée de définir des processus de sanction pour les auteurs de crimes contre l'humanité dans les deux camps. Elle s'est réunie à plusieurs reprises pour de brèves séances depuis fin juillet.
Après le volet "réparation aux victimes" qui inclut la justice, deux autres thèmes restent à l'agenda des pourparlers: la réparation aux victimes et les modalités de ratification d'un accord de paix définitif.
En voyage à Cuba, le pape François avait lancé dimanche un appel pressant à un succès des négociations de paix colombiennes, estimant qu'"un échec de plus n'est pas permis".
Depuis le 20 juillet, les Farc observent un cessez-le-feu unilatéral, se réservant le droit de répliquer en cas d'attaque de l'armée.
De son côté, le gouvernement a ordonné la suspension des bombardements contre la guérilla et envisage d'autres mesures pour favoriser une "désescalade" du conflit.