Le procès pour subornation de témoins de l'ancien vice-président congolais Jean-Pierre Bemba et quatre de ses proches s'est ouvert mardi devant la Cour pénale internationale, dans la première affaire du genre instruite par la CPI.
"Les accusés ont participé à un plan pour corrompre des témoins", quatorze au total, a déclaré la procureure Fatou Bensouda lors d'une audience publique à La Haye, où siège la CPI.
Le but du plan était "d'obtenir l'acquittement" de Jean-Pierre Bemba dans son procès pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité présumés commis en Centrafrique, qui s'est ouvert devant la CPI en 2010.
Outre M. Bemba, sont poursuivis Aimé Kilolo, son avocat principal, Jean-Jacques Mangenda, un membre de son équipe de défense, Fidèle Babala, un député au sein de son parti, le Mouvement de libération du Congo, et Narcisse Arido, un des témoins de la défense.
Les cinq hommes ont plaidé non coupable.
Selon l'accuusation, ils ont contribué à des degrés divers à ce plan en recrutant les témoins, leur versant de l'argent, leur donnant des téléphones portables et leur donnant des instructions quant à leurs témoignages, le tout entre la fin 2011 et novembre 2013.
Il s'agit du premier procès pour subornation de témoins devant la CPI, entrée en fonction en 2003 à La Haye.
Jean-Pierre Bemba, 52 ans, était "le coordinateur des infractions", selon le document de la Cour listant les charges. M. Kilolo "veillait surtout à la mise en oeuvre de la stratégie globale" alors que Jean-Jacques Mangenda "assurait la liaison entre Aimé Kilolo et Jean-Pierre Bemba".
MM. Babala et Narido ont, eux, joué des rôles "plus limités" dans cette affaire. Le premier "aidait les autres suspects à gérer les aspects financiers de la corruption" tandis que le second aurait recruté quatre témoins.
Le procès pour crimes contre l'humanité (viol et meurtre) et crimes de guerre (viol, meurtre et pillage) de Jean-Pierre Bemba s'est ouvert en 2010 et est toujours en cours.
Il est poursuivi pour les atrocités commises par ses troupes du MLC en République Centrafricaine entre octobre 2002 et mars 2003, venues soutenir le président Ange-Félix Patassé, victime d'une tentative de coup d'Etat menée par le général François Bozizé.
M. Bemba est détenu à La Haye depuis 2008. Ses co-accusés dans l'affaire de subornation de témoins comparaissent libres.