L'ancien chef de milice congolais Germain Katanga, condamné à 12 ans de prison pour avoir été complice de l'attaque d'un village en RDC ayant fait environ 200 morts, a demandé mardi aux juges de la CPI de le libérer plus tôt que prévu.
"La souffrance infligée aux victimes est réelle, je l'ai reconnu, je l'ai regretté, je le regrette encore et je ne la mépriserai jamais", a affirmé Germain Katanga aux juges lors d'une audience à La Haye, où siège la Cour pénale internationale (CPI).
"Je tiens à vous assurer de la sincérité de mes regrets et de la tristesse ressentie", a-t-il ajouté, soulignant qu'il voulait, s'il était libéré, devenir agriculteur en Ituri, dans le nord-est de la République démocratique du Congo.
Son avocat, David Hooper, a rappelé que M. Katanga avait démontré "sa volonté de collaborer avec la Cour: il a été condamné sur la base d'informations qu'il avait lui-même fournies à la Cour et a renoncé à interjeter appel".
Les juges n'ont pas donné de date pour le rendu de cette décision.
La CPI avait jugé en mars 2014 que Germain Katanga, 37 ans, s'était rendu coupable de complicité de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité.
Selon les juges, il avait facilité et coordonné l'approvisionnement en armes des membres de sa milice qui avaient attaqué le 24 février 2003 le village de Bogoro, tuant 200 personnes environ, par balle ou à la machette.
Surnommé Simba (le lion) pour sa férocité, Germain Katanga était le commandant des Forces de résistance patriotiques en Ituri (FRPI), une milice créée fin 2002 avec un soutien ougandais et dont de nombreux membres, des ethnies lendu et ngiti, sont soupçonnés d'avoir participé à des massacres à caractère ethnique dirigé contre des Hema, une autre ethnie de la région.
Selon les règles de la Cour, les personnes condamnées ayant purgé les deux tiers de leur peine peuvent en demander la réduction aux juges. Le temps passé en détention avant le jugement, soit sept ans pour M. Katanga, est déduit de la peine.
Selon la défense, les "remords sincères" de M. Katanga, tout comme sa situation familiale stable (il est père de six enfants) et les possibilités de réinsertion sociale font de l'ancien chef de milice un bon candidat à une réduction de peine.
Évoquant les décès de son frère et de son père, Germain Katanga a affirmé avoir "pris conscience de l'ampleur de la douleur des victimes" et de son rôle pendant l'attaque du village.
L'accusation "ne s'oppose pas à cette réduction de peine", a affirmé aux juges une représentante du bureau du procureur, Helen Brady, soulignant néanmoins que Germain Katanga n'avait pas "fait un seul geste pour indemniser les victimes".
Celles-ci estiment que Germain Katanga "n'a jamais eu de remords sincères" et ont "peur de revivre leur traumatisme si Germain Katanga revient en Ituri", a assuré leur représentant, Fidel Nsita Luvengika.
Les affrontements interethniques entre milices qui se disputent les terres de l'Ituri ont débuté en 1999 et ont, selon l'accusation, "dévasté" la zone. Selon les ONG, ces violences ont fait plus de 60.000 morts.