Une vaste enquête publique sur les meurtres et disparitions de femmes autochtones au Canada, restés inexpliqués depuis de nombreuses années, a été lancée mardi par le gouvernement.
Après une phase de conception de deux mois à l'écoute des familles des disparues ou assassinées, élargie ensuite aux organisations autochtones, une commission d'enquête sera installée au printemps 2016, a expliqué Carolyn Bennett, ministre des Affaires autochtones.
Plus tôt mardi, le Premier ministre Justin Trudeau avait annoncé le lancement de cette enquête aux chefs de l'Assemblée des Premières nations. Ces derniers avaient toujours essuyé un refus du précédent gouvernement conservateur pour la mise en oeuvre de ces investigations.
Souvent accusée de ne pas enquêter avec le même soin ou la même célérité sur ces disparitions, la police a recensé près de 1.200 femmes autochtones disparues ou assassinées entre 1980 et 2012. Soit trois à quatre fois plus en proportion que dans le reste de la population canadienne.
L'objectif de "cette enquête est de trouver des actions concrètes qui mettront un terme à cette tragédie nationale", a indiqué Mme Bennett.
"Aucune enquête ne viendra effacer ce qui s'est passé", a souligné pour sa part la ministre de la Justice Jody Wilson-Raybould, elle-même Amérindienne.
"L'importance de la violence contre les filles et femmes autochtones n'est pas un problème autochtone. Ce n'est pas non plus un problème féminin mais une tragédie nationale qui demande une réponse urgente et responsable", a-t-elle ajouté.
La commission d'enquête devra trouver les solutions pour remédier aux problèmes de fond: "Le racisme, la marginalisation, le sexisme et la pauvreté ont contribué à l'évolution de la tragédie des femmes et des filles autochtones disparues et assassinées", a rappelé Patricia Hadju, ministre de la Condition féminine.
Les Amérindiens, Inuits et Métis représentent 4,3% de la population canadienne, soit 1,4 million de personnes.
"Si les femmes autochtones forment 4% de la population féminine du Canada, elles représentent 16% des femmes assassinées entre 1980 et 2012", a souligné le gouvernement.
L'installation de la commission d'enquête était une des recommandations effectuées début juin de la Commission de vérité et réconciliation (CVR). Justin Trudeau a promis mardi de suivre les principales recommandations.
"Nous avons été entendus, et je pense compris comme jamais auparavant", a estimé Perry Bellegarde, chef des Premières nations en jugeant que tout était réuni pour une "nécessaire réconciliation entre autochtones et non autochtones".