Un ex-cadre khmer rouge a été inculpé mercredi pour génocide par le tribunal spécial de Phnom Penh jugeant les crimes du régime de Pol Pot, qui poursuit son travail en dépit de l'opposition des autorités cambodgiennes à de nouveaux procès au nom de la réconciliation.
Yim Tith est accusé d'avoir commis plusieurs crimes, parmi lesquels "torture" et "meurtre", sur des sites d'exécutions et dans des camps de travail sous ce régime ayant décimé le Cambodge entre 1975 et 1979.
Le juge Michael Bohlander, cosaisi du dossier au sein de ce tribunal parrainé par l'ONU, évoque toute une série d'"actes inhumains" reprochés à l'accusé, au nombre desquels, outre les meurtres, des mariages forcés, pratique courante sous les Khmers rouges.
Yim Tith est le quatrième ancien Khmer rouge à être inculpé en 2015, après Meas Muth, un ancien commandant de la marine, Im Chaem, une ancienne responsable locale, et Ao An, un ancien commandant.
Le Premier ministre Hun Sen, lui-même ancien commandant de rang inférieur sous le régime communiste khmer, est opposé aux poursuites désormais lancées contre des fonctionnaires de rang moyen.
Jusqu'ici, seules trois personnes ont été condamnées par ce tribunal, créé en 2006. Parmi elles, deux anciens hauts dirigeants ont été condamnés en août à la prison à vie pour crimes contre l'humanité.
Les octogénaires Nuon Chea, idéologue du régime, et le chef de l'Etat de l'ex-"Kampuchéa démocratique" Khieu Samphan, font l'objet d'un second procès consacré au génocide des Vietnamiens et de la minorité musulmane des Chams, aux mariages forcés et aux viols commis dans ce cadre.
Le tribunal, critiqué pour ses lenteurs, avait avant eux condamné à la perpétuité Douch, de son vrai nom Kaing Guek Eav, chef de la prison de Phnom Penh S-21, où 15.000 personnes ont été torturées avant d'être exécutées.
Au total, deux millions de Cambodgiens, soit un quart de la population, sont morts d'épuisement, de famine, de maladie ou à la suite de tortures et d'exécutions entre 1975 et 1979.