Après l’arrestation en République démocratique du Congo (RDC), de l’ancien maire Ladislas Ntaganzwa, ce sont encore huit accusés du Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) qui sont en fuite alors que la juridiction doit effectivement terminer ses travaux le lundi 14 décembre, avec son dernier jugement d’appel.
Maire de Nyakizu, dans l’ancienne préfecture de Butare (sud), Ladislas Ntaganzwa, qui est poursuivi pour génocide et crimes contre l’humanité commis en différents endroits de sa commune en 1994, a été arrêté mercredi par les autorités congolaises, selon le Mécanisme des Nations unies pour les Tribunaux pénaux internationaux (MTPI).
Le plus célèbre des huit accusés encore en fuite est l'homme d'affaires Félicien Kabuga, présenté par le procureur comme l'argentier du génocide des Tutsis de 1994.
Le bureau du procureur au TPIR a souvent affirmé que Kabuga se cachait au Kenya.
D'autres sources pensent cependant que ce fils des montagnes de Byumba (nord), né en 1935, serait aujourd'hui décédé.
Accusé notamment d'avoir commandé les machettes utilisées pour tuer les Tutsis en 1994 au Rwanda, Kabuga, d'abord petit marchand ambulant, est parti de rien pour devenir l'homme le plus riche de son pays, en son temps.
Son entrée dans le sérail fut définitivement scellée lorsqu'en 1993 une de ses filles épousa le fils aîné du président Juvénal Habyarimana.
Membre du parti présidentiel, le Mouvement républicain national pour la démocratie et le développement (MRND), il était par ailleurs président du Comité d'initiative de la tristement célèbre Radio - télévision libre des mille collines (RTLM) qui distillait des appels à la haine ethnique.
Pendant le génocide, il fut désigné président du Comité provisoire du Fonds de défense nationale (FDN).
Sur la liste des fugitifs du TPIR, figure également l'ex-ministre de la Défense, Augustin Bizimana, également membre du MRND, le parti de l'ex-président hutu Juvénal Habyarimana dont l'assassinat le 6 avril 1994 avait déclenché le génocide.
Accusé d'avoir participé à la préparation du génocide au plus haut niveau, Bizimana, un ingénieur agronome de formation, se cacherait dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC), selon plusieurs sources au TPIR. Des sources proches de l'ancien régime affirment cependant qu'il est décédé au Congo-Brazzaville.
Le troisième haut responsable encore recherché par le TPIR est le major Protais Mpiranya qui commandait la garde du président Habyarimana. Cette unité militaire d'élite a été la plus active dans les massacres. Mpiranya, longtemps membre du commandement des rebelles hutus rwandais des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) basées en RDC, serait protégé, selon le TPIR, par de hauts responsables zimbabwéens, alors que d'autres sources le donnent pour mort.
Kabuga, Bizimana et Mpiranya sont, de l'avis du procureur du TPIR Hassan Bubacar Jallow, « de gros poissons » qui devront, s'ils sont arrêtés un jour, comparaître devant la justice internationale, en l'occurrence devant le Mécanisme des Nations unies pour les Tribunaux pénaux internationaux (MTPI) chargé des fonctions résiduelles du TPIR.
Les dossiers des cinq autres inculpés en fuite ainsi que celui de Ladislas Ntaganzwa ont été confiés à la justice rwandaise. Il s'agit du lieutenant-colonel Phénéas Munyarugarama, des anciens maires Charles Sikubwabo et Aloys Ndimbati, de l'ex-inspecteur de police judiciaire (IPJ) Fulgence Kayishema et d'un ancien restaurateur, Charles Ryandikayo. Les cinq se cacheraient en RDC, selon le TPIR. Il appartient au Rwanda, avec l'aide du MTPI, de les localiser, les faire arrêter pour enfin les juger.