Le gouvernement de l'entité serbe de Bosnie a annoncé jeudi qu'il mettait fin à sa "coopération" avec la police et la justice centrales de ce pays ethniquement divisé, à la suite d'une opération policière dans le cadre d'une enquête sur des crimes de guerre.
Il s'agit d'un nouveau regain de tension politique alors que les autorités de la Republika Srpska (RS, entité serbe) ont menacé ces derniers mois d'organiser un référendum sur la justice centrale du pays qu'elles considèrent comme "illégales".
"Le gouvernement et toutes les institutions de la Républika Srpska cessent toute coopération avec la Cour d'Etat et le Parquet de Bosnie, ainsi qu'avec la Sipa (la police centrale chargée des crimes de guerre, ndlr)", a déclaré le ministre de l'Intérieur de la RS, Dragan Lukac, lors d'une session extraordinaire du Parlement de cette entité.
Dans le cadre d'une opération menée à Novi Grad (nord-ouest) visant à arrêter cinq Serbes soupçonnés de crimes de guerre pendant le conflit intercommunautaire (1992-95), les membres de la Sipa ont également fait des perquisitions dans un commissariat de police et dans les locaux de la mairie, provoquant l'ire des autorités serbes.
"C'est un geste très provocateur et inapproprié", a affirmé M. Lukac.
"Le gouvernement de la Republika Srpska a ordonné au ministère de l'Intérieur d'empêcher toute tentative d'entrée et de perquisitions ultérieurs dans le locaux de ses institutions", a-t-il expliqué.
Le président de la Republika Srpska, Milorad Dodik, qui a soutenu la décision du gouvernement, a déclaré pour sa part que "ces circonstances auraient pu provoquer même un conflit armée", évité, selon lui, par la décision de "laisser faire" et d'en discuter ensuite dans les institutions.
Depuis la fin de la guerre, la Bosnie est divisée en deux entités, une serbe et l'autre croato-musulmane, reliées par un faible gouvernement central. Chacune des deux entités dispose d'une large autonomie et de ses propres forces policières.
D'une manière générale, les Serbes de Bosnie défendent avec fermeté les pouvoirs de leur entité, alors que les musulmans prônent le renforcement des institutions centrales du pays au détriment des entités.