Le Soudan du Sud, plus jeune nation du monde née en juillet 2011 sur les décombres de décennies de guerre d'indépendance contre Khartoum, a replongé en décembre 2013 dans une guerre civile aux racines politico-ethniques, marquée par d'innombrables atrocités.
CONFLIT
Les combats ont éclaté à Juba le 15 décembre 2013 entre unités rivales de l'armée sud-soudanaise, minée par des antagonismes politico-ethniques alimentés par les dissensions à la tête du régime entre le président Salva Kiir et son ancien vice-président Riek Machar, respectivement dinka et nuer, les deux principales ethnies du pays.
Le conflit s'est rapidement propagé dans le pays. Des groupes armés et milices ethniques, dont une partie échappe à tout contrôle, sont venus épauler chacun des deux camps.
Les combats n'ont jamais cessé, malgré plusieurs cessez-le-feu et un accord de paix signé en août, sous fortes pressions internationales. Plusieurs échéances sont passées sans que les engagements prévus soient mis en oeuvre.
BILAN
Aucun bilan officiel du conflit n'existe. En novembre 2014, le centre de recherches International Crisis Group estimait qu'environ 50.000 personnes avaient péri dans les combats et les atrocités qui les ont accompagnés. Les combats qui n'ont pas baissé d'intensité depuis, la faim et les maladies ont continué d'alourdir le bilan.
FAIM
La famine a été évitée de peu courant 2014, grâce à des distributions de nourriture, notamment par les airs. Les organisations humanitaires ont encore tiré la sonnette d'alarme cette année. Les seuils techniques marquant l'état de famine ne sont pas encore franchis, même si le nord et l'est du pays, principaux champs de bataille, en sont très proches.
La faim - entièrement due au conflit et non à des phénomènes climatiques - est néanmoins bien là: plus de 2,2 millions de personnes ont été chassées de chez elles. Certaines sont réfugiées dans des marais où les racines sont la seule nourriture, les semailles ont été perturbées, des marchés détruits et des greniers à grains pillés.
Les deux-tiers des quelque 12 millions d'habitants ont besoin d'aide - alimentaire, médicale... - pour survivre.
MALADIES
Le choléra, endigué l'an dernier grâce à une campagne de vaccination et des mesures de prévention, menace à nouveau les camps de déplacés surpeuplés aux équipements sommaires. Plus de 1.500 cas ont été recensés, dont une quarantaine de décès, à Juba et à Bor (est).
Les services de santé, déjà extrêmement rudimentaires avant l'actuel conflit, sont désormais en ruines. Les installations de plusieurs organisations humanitaires, dont Médecins Sans Frontières (MSF), ont été attaquées et pillées dans certaines zones, où elles sont vitales pour la population.
CRIMES DE GUERRE
Le conflit est caractérisé par un catalogue d'atrocités commises par les deux camps: massacres ethniques d'hommes, femmes, enfants, hommes châtrés, femmes et filles enlevées, réduites en esclavage et systématiquement violées, enfants égorgés ou jetés vivants dans des cases en feu.
Plus de 13.000 enfants ont aussi été enrôlés dans les rangs des différentes forces.
VAINES MENACES
Ouvertes en janvier 2013 à Addis Abeba, les négociations de paix se sont éternisées des mois dans de luxueux hôtels à Addis Abeba, sans avancée, coûtant des millions de dollars. L'ONU a sanctionné huit chefs militaires - quatre de chaque camp - et continue d'agiter la menace de nouvelles sanctions, sans succès.
IMPLICATIONS REGIONALES
Une vingtaine de forces locales ou étrangères prennent part au conflit. Des troupes ougandaises et leurs hélicoptères de combat sont venues prêter main-forte à l'armée sud-soudanaise, ainsi que des rebelles de la région du Darfour (ouest du Soudan), qui combattent traditionnellement Khartoum.
Le gouvernement soudanais est accusé de fournir des armes à M. Machar, soutenu également par des chefs de guerre locaux. Au milieu, 12.000 Casques Bleus tentent de maintenir la paix dans un territoire grand comme la péninsule ibérique, dépourvu de routes et où les pistes sont impraticables en saison humide.