Grèce: un historien allemand jugé pour négationnisme

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L'historien allemand Heinz Richter est actuellement jugé en Crète pour négationnisme après avoir, dans un livre paru en 2011, mis sur un pied d'égalité les violences commises par les nazis et des Crétois lors de la bataille de Crète en mai 1941.

M. Richter est poursuivi par le parquet de Rethymno pour avoir écrit, dans "La bataille de Crète", que "des pratiques barbares et cruelles avaient été utilisées non seulement par les forces d'invasion mais aussi par des rebelles crétois qui ont pris les armes contre elles".

La bataille de Crète en mai 1941 est la dernière de l'invasion nazie dans les Balkans et l'une des plus violentes. Elle a opposé l'armée hitlérienne aux troupes britanniques et alliées (grecques, néo-zélandaises et australiennes).

La phrase incriminée "porte atteinte" à la réputation du peuple crétois et constitue le délit de "négation des crimes nazis", en vertu d'une loi de 2014 qui "condamne "toute négation de mauvaise foi de génocide ou crimes de guerre", a expliqué à l'AFP Me Antonis Epitropakis, avocat d'une des parties civiles.

Les poursuites pénales contre M. Richter ont été lancées en novembre 2014, après des incidents à l'université de Rethymno quand il a été nommé docteur honoris causa. Il avait alors été mis en cause à cause de ce livre.

Ce procès a débuté fin novembre et a été quasiment immédiatement suspendu jusqu'à jeudi. Le jugement est attendu mi-janvier.

Un député crétois du principal parti d'opposition Nouvelle-Démocratie (conservateurs) Lefteris Avgenakis, et l'ancien chef d'état-major Manoussos Parayoudakis, ont témoigné contre l'historien.

En revanche, des professeurs de l'université de Rethymno le soutiennent, et beaucoup parmi la communauté universitaire et les associations des droits de l'Homme condamnent une "pénalisation de l'expression scientifique".

Pour l'avocat de la défense Me Athanassios Anagnostopoulos, une éventuelle condamnation de son client aurait "des conséquences négatives au niveau international contre la Grèce".

"On leur demande de l'argent (aux Européens NDLR) et puis on condamne leurs professeurs", a-t-il commenté, en faisant allusion aux prêts européens à la Grèce ces dernières années, la contribution allemande étant la plus importante parmi les pays membres de la zone euro.