Les "massacres" liés à la crise politique que traverse depuis fin avril le Burundi "laisse craindre le pire", s'est alarmée lundi, à Bujumbura, Beate Klarsfeld, ex-traqueuse de criminels nazis et aujourd'hui ambassadrice honoraire et envoyée spéciale de l'Unesco pour l'enseignement de l'Holocauste et la prévention du génocide.
"La crise politique que traverse le Burundi pourrait dégénérer en une catastrophe humanitaire. Les massacres qui ont été perpétrés en 2015 font présager le pire", a estimé, dans un communiqué reçu à Nairobi, Mme Klarsfeld, arrivée lundi dans la capitale burundaise.
Son programme n'a pas été précisée, mais elle y a indiqué se rendre "au Burundi, pays dont la population a déjà tant souffert de guerres civiles pour y lancer avant tout un appel angoissé au respect de la vie humaine".
Beate Klarsfeld, 76 ans, a appelé la jeunesse burundaise "à faire le choix de la paix et du dialogue pour que ne se répètent pas les horreurs du passé dont le Burundi a déjà tant souffert".
Mme Klarsfeld a appelé à la reprise des discussions - actuellement au point mort - entre le camp du président Pierre Nkurunziza et ses adversaires, "pour permettre la réconciliation, l'unité nationale et pour mettre fin le plus rapidement possible aux tueries aveugles, aux assassinats ciblés, aux coups de force et à la multiplication des crimes à caractère ethnique.
L'annonce fin avril de la candidature du président Nkurunziza à un 3e mandat, jugé par ses adversaire contraire à la Constitution et à l'Accord d'Arusha ayant permis la fin de la guerre civile (1993-2006) a plongé le Burundi dans une guerre civile émaillée de violences ayant fait plusieurs centaines de morts et poussé plus de 200.000 personnes à quitter le pays.
Les autorités ont mis en échec une tentative de coup d'Etat militaire et brutalement maté six semaines de manifestations, mais les violences - désormais armées - se sont intensifiées depuis la réélection controversé de M. Nkurunziza le 21 juillet.
Beate Klarsfled a été nommée à ses fonctions en octobre 2015 avec son mari Serge, 79 ans, en compagnie duquel elle a traqué durant des décennies les anciens criminels nazis. Ils ont joué un rôle essentiel pour faire juger Kurt Lischka, ancien chef de la Gestapo à Paris, Klaus Barbie, son homologue dans la région de Lyon (centre-est de la France), ainsi que de fonctionnaires français ayant collaboré avec le régime nazi, comme René Bousquet, Paul Touvier, Jean Leguay et Maurice Papon.